Héritiers de la Maison Lafont, Matthieu et Thomas Lafont assurent l’avenir de l’entreprise familiale, qui fêtera bientôt ses 40 ans. 40 ans de design et de fabrication française, qui font aujourd’hui de la Maison Lafont, un des plus gros donneurs d’ordre sur le bassin jurassien. Rencontre...

Acuité : Comment se porte la Maison Lafont ?

Matthieu Lafont : Notre entreprise va bien, avec un marché français dynamique et un fort développement à l’export. Nous observons chaque année une croissance régulière et organique depuis maintenant 10 ans. Nous avons le sentiment que les valeurs fortes de la marque sont des éléments engageants qui paient aujourd’hui.

A. : Comme le choix de la fabrication française ?

M.L. : Tout à fait ! 95% de notre production est faite dans le Jura et 80% de nos collections sont certifiées Origine France Garantie (OFG). Nous sommes aujourd’hui l’un des premiers donneurs d’ordre sur le bassin jurassien avec 330 000 pièces par an. Cela fait plus de 40 ans que nous collaborons avec la société Thierry SA. Ce partenariat avec une manufacture jurassienne s’appuie sur un savoir-faire, mêlant artisanat et haute technologie, et défend une qualité de fabrication et une richesse créative incontestable.

Pendant longtemps, continuer à fabriquer en France n’a pas été simple. Mais depuis 2 ans, la filière française se redynamise et connaît un regain d’intérêt. Le produire en France est pour la Maison Lafont un gage de transparence vis-à-vis des opticiens et des consommateurs. Il faut aussi penser à l’export, car la « French Touch », ça parle ! Nous sommes présents dans 40 pays, ce qui représente 70% de notre business.

A. : Qu’est-ce-qui a changé dans la façon de consommer des porteurs ?

M.L. : L’opticien nous pose plus de questions, et ce pour répondre aux interrogations de son client. Le porteur est davantage sensibilisé à la provenance et à l’origine des produits. Une marque comme la nôtre est facile à travailler dans ce sens.

A. : En France, le plafonnement du remboursement des montures à 150 euros a-t-il eu un impact sur vos ventes ?

M.L. : Des lunettes fabriquées en France avec notre niveau de qualité et à 100 euros, ça n’existe pas ! C’est pourquoi mon père, Philippe Lafont, s’est battu en 2015 pour que le plafond du remboursement des montures soit augmenté de 100 à 150 euros. Ainsi, la production française n’a pas été coupée de la prise en charge des mutuelles. Toutefois nous l’observons dans nos 5 magasins, les porteurs font plus de devis, conclure les ventes est plus compliqué et la question du remboursement est plus récurrente. Les opticiens ont davantage besoin d’accompagnement et d’outils pour convaincre.

A. : Le Silmo 2017 approche à grands pas. Cette édition sera un peu particulière...

M.L. : Evidemment ce salon va être un peu particulier pour nous, tout d’abord parce que c’est le 1er évènement depuis la mort de notre père, mais aussi parce que c’est les 50 ans du Silmo. Nous finalisons actuellement une nouvelle manière de présenter les produits, avec de nouveaux coloris. Nous cherchons toujours un équilibre entre la pérennité de nos valeurs et le renouvellement artistique.

A. : Quelles surprises réservez-vous à vos clients ?

M.L. : L’ensemble de l’équipe française sera sur place pour accueillir les opticiens et présenter les nouvelles collections. Thomas a travaillé sur de nouveaux modèles, de nouveaux coloris exclusifs à la marque avec une offre toujours très forte en acétate et des éditions limitées en vente uniquement durant les 4 jours du Silmo. Notre force : une liberté de création qui fait exister le style Lafont, reconnu des opticiens.

A. : Quels sont vos autres projets ?

M.L. : Nous lançons dans nos magasins un service de conception sur mesure. Nous collaborons aussi avec différents partenaires extérieurs, comme Roland-Garros en 2017 ou l’escadrille Lafayette en 2016, pour des collections spéciales. Le développement de notre partenariat avec les industriels jurassiens est bien sûr au centre de tout cela, afin de rester cohérent avec les valeurs familiales. Nous avons la chance d’hériter d’une entreprise, saine et forte, et nous ne comptons pas nous arrêter là. C’est une ambition très personnelle !