La société Second Sight Medical Products vient de publier dans la revue Ophtalmology les résultats intermédiaires de son étude clinique portant sur sa rétine artificielle Argus II. Celle-ci peut restituer partiellement les fonctions visuelles des personnes atteintes de pathologies telles que la rétinite pigmentaire. Développé en partenariat avec l'Institut de la Vision à Paris, cet implant a obtenu l'autorisation de commercialisation en Europe il y a un an.

La quasi-totalité des patients améliorent leurs performances visuelles

« Les résultats démontrent la fiabilité à long terme et attestent que les sujets précédemment non-voyants ont obtenu de meilleurs résultats de tests visuels avec le système Argus II, notamment en termes de localisation d'objets et de discrimination de mouvement », se réjouit Dr Mark Humayun, professeur d'ophtalmologie et de génie biomédical à l'Université de Californie du Sud et principal auteur de l'étude. La prothèse a été implantée chez 30 patients (dont 4 en France), suivis pendant au minimum six mois. Les tests ont montré que :
- 96 % des sujets ont amélioré leur localisation d'objets
- 57 % des sujets ont amélioré leur discrimination de mouvement
- 23 % des sujets ont amélioré leur discrimination de champ visuel orienté.

L'étude montre également que le profil d'innocuité de cette rétine artificielle est « comparable à d'autres dispositifs et procédures ophtalmiques ». « Elle peut, tout simplement, aider les non-voyants à voir. Elle suscite un grand espoir parmi les patients atteints de rétinite pigmentaire », estime le Dr Stanislao Rizzo (Université de Pise), premier chirurgien à implanter Argus II après son approbation pour le marché européen. En France, le Professeur José-Alain Sahel, directeur de l'Institut de la Vision, a précisé au printemps dernier que « les personnes aptes à recevoir l'Argus II pourront être implantées dès qu'il sera remboursé par la sécurité sociale ».

Un dispositif bourré d'électronique

Rappelons que ce dispositif fonctionne grâce à la conversion de vidéos. Une caméra minuscule, placée sur des lunettes, filme des images. Un ordinateur de la taille d'un téléphone portable, qui se porte à la ceinture, traite ces images et les imprime, via une liaison sans fil, sur la puce électronique implantée sur la rétine. L'implant transmet des signaux aux cellules ganglionnaires de la rétine. Ces signaux sont interprétés comme des images par les aveugles, après plusieurs mois d'apprentissage.