La Commission européenne ouvre une enquête approfondie afin d'apprécier la proposition de concentration entre Essilor et Luxottica au regard du règlement de l'UE. L'institution craint notamment que la fusion entre les deux géants de l'optique réduise la concurrence sur le marché des verres. 

« La moitié des Européens portent des lunettes et nous devrons presque tous corriger notre vue un jour ou l'autre. Nous devons donc examiner attentivement si le projet de concentration entraînerait une hausse des prix et une diminution du choix pour les opticiens et, in fine, pour les consommateurs », précise Margrethe Vestager, commissaire chargée des politiques de concurrence.

Rappelons qu'Essilor et Luxottica ont annoncé en janvier dernier leur rapprochement, pour créer un géant de l'optique avec un chiffre d'affaires de plus de 15 milliards d'euros et une capitalisation boursière de 47 milliards.

Après l'enquête préliminaire, les principaux problèmes de concurrence relevés par la Commission concernent en particulier la conjugaison entre la forte implantation d'Essilor sur le marché des verres et la forte implantation de Luxottica sur le marché des articles de lunetterie. L'UE « craint qu'au terme de l'opération, l'entité utilise les marques puissantes de Luxottica pour convaincre les opticiens d'acheter les verres d'Essilor et évincer les autres fournisseurs, en recourant à des pratiques telles que les ventes groupées ou liées », peut-on lire sur son site. En outre, la Commission examinera :

  • si EssilorLuxottica utiliserait la puissance d'Essilor sur le marché des verres pour évincer les fournisseurs rivaux ;
  • si la concentration supprimerait une concurrence émergente importante pour Luxottica et pour Essilor.

La Commission dispose à présent d'un délai de 90 jours ouvrables (jusqu'au 12 février 2018) pour arrêter une décision. Elle rappelle que « l'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge pas de l'issue de la procédure ».

De leur côté, Essilor et Luxottica ont réaffirmé hier, 26 septembre, leur objectif de finaliser la transaction autour de la fin de l'année. . Les deux groupes se disent confiants dans le fait que la Phase II de l'enquête sera conclue en temps opportun et coopéreront étroitement avec la Commission Européenne pour expliquer en détail les raisons du projet de rapprochement ainsi que les avantages qu’il apportera aux clients, aux consommateurs et à l’ensemble des acteurs de l’industrie. A ce jour, l’opération a été autorisée sans condition en Russie, Inde, Colombie, Japon, Maroc, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Corée du Sud.