La session a été houleuse. En fin de 2e séance de l’Assemblée nationale sur le PLFSS 2022 vendredi, l’article 40, devant accorder la primo-prescription aux orthoptistes, a été discuté. Si les échanges ont été vifs et les oppositions nombreuses, la majorité a bien validé ces nouvelles prérogatives que nous vous présentons depuis le début du mois. Voici un résumé de la soirée passée dans l’hémicycle, où les opposants ont donné de la voix.

« Les orthoptistes ne sont pas habilités à réaliser un bilan visuel »

Valérie Six, députée du Nord, a fustigé le gouvernement qui dénonce des délais d’attente trop longs : « Vous vous appuyez sur des chiffres datant de 2018. […] Les délais moyens d’attente ne sont plus de 80 jours mais de 28 jours. » Des chiffres sortis d’une étude diligentée par le Snof. Elle a ensuite voulu démontrer l’inutilité de l’article 40 : « Ophtalmologistes et orthoptistes sont globalement installés au même endroit, car ils travaillent ensemble ».

Il y a même selon elle un élément encore « plus grave » : « Les orthoptistes ne sont pas habilités à réaliser un bilan visuel, comme le fond d’œil qui est indispensable pour prévenir un glaucome par exemple. » Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle, l’a appuyée : « 10 à 15% des renouvellements de lunettes aboutissent au dépistage de pathologie. Il ne faudrait pas retarder ces dépistages. »

« Toute la filière ophtalmologique est contre »

Jean-Pierre Door, député du Loiret, n’y est pas allé de main morte : « Nous n’avons rien contre les orthoptistes, mais la primo-prescription par eux est mal venue. De même que le renouvellement d’ordonnance de plus d’un an,qui est dangereux. Le gouvernement n’a pas obtenu le consensus de la filière ophtalmologique. Toute la filière est contre, tout comme le Conseil national de l’Ordre des médecins. »

« Les études (du Snof) sont biaisées »

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée de la Santé chargée de l'Autonomie, lui a répondu directement, assurant que « la concertation avec la filière a eu lieu depuis fin mars. » Concernant les chiffres donnés par Valérie Six, elle a pointé que « les études sont biaisées car réalisées par une fédération (le Snof, ndlr). Chez moi, le délai est toujours de 8 mois, ça n’a pas baissé du tout. »

« J’ai été bien contente que les opticiens puissent renouveler mes lunettes »

Perrine Goulet, députée de la Nièvre, est allée dans le sens de la ministre, incluant notre profession au débat : « J’ai été bien contente que les opticiens puissent renouveler mes lunettes et adapter ma correction, car je ne pouvais pas attendre 6 à 9 mois qu’un ophtalmologiste daigne me recevoir. […] Si les ophtalmologistes ne veulent pas qu’on élargisse (le droit de prescription, ndlr), ils n’ont qu’à mieux se déployer sur le territoire. »

Enfin, Brigitte Bourguignon a insisté sur le fait que « le décret sera précis sur les tranches d’âges concernées, la correction apportée et le délai entre les nouveaux rendez-vous avec l’ophtalmologiste. L’idée est bien de renvoyer vers lui quand c’est nécessaire. […] Nous proposons une mesure qui va permettre des dépistages et correction rapides. »