Ce week-end, le Sénat a examiné l’article 40 du PLFSS 2022, le fameux qui accorde la primo-prescription aux orthoptistes. Après de nombreuses nouvelles contestations, la mesure a été encadrée. Mais ce n’est évidemment pas la fin de l’histoire, car le texte passera de nouveau devant l’Assemblée nationale avant d’être promulgué.

Le Sénat a donc adopté un amendement qui prévoit de « garantir des critères exigeants pour la réalisation, par les orthoptistes, de bilans visuels ou de dépistages, notamment chez l’enfant ». Il exige également un avis du conseil national professionnel d’ophtalmologie avant que les textes d’application soient pris.

Manque d’étude et « autoritarisme mal placé »

Cet encadrement, préféré à la suppression pure et simple de l’article 40, est intervenu après de nouvelles critiques appuyée contre ce dernier. L’« ubérisation de la médecine » a encore été dénoncée. « Trois années d’études (pour les orthoptistes, contre 12 pour les ophtalmologistes) ne semblent pas s’être correctement préparés à ces nouveaux actes médicaux », a clamé le sénateur LR Jean Sol, qui craint des erreurs de diagnostic et l’absence de dépistage de pathologies oculaires graves.

Du côté socialiste, le sénateur Bernard Jomier a lui fustigé une méthode « contre-productive » et un « autoritarisme mal placé » pour mettre en place cette mesure, regrettant le manque de concertations entre les professionnels du secteur. Il estime que cela va « créer de la discorde » entre orthoptistes et ophtalmologistes.

La défense du secrétaire d’État

Le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet a représenté le gouvernement au Sénat, et défendu l’article 40. Face aux critiques précédemment énoncées, il a assuré que la concertation avec l’ensemble de la filière avait bien eu lieu pendant plus d’un an. Et a ajouté : « Le décret d’application sera concerté avec l’ensemble de la filière. »

Il a rappelé que « seuls les adultes âgés de 16 à 42 ans et ayant une faible correction sont concernés ». Et s’en est pris aux détracteurs de la mesure : « On ne peut pas tous regretter les déserts médicaux et à l’inverse s’opposer à une mesure qui permet d’y répondre. »