Comme nous vous l'avions expliqué début mai, le devis obligatoire que vous remettez avant chaque vente, dit devis optique normalisé fera prochainement l'objet d'une refonte, réglementée par la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Après avoir détaillé les changements à venir, Acuite.fr a voulu connaître la position des syndicats.  

Yannick Dyant, président de l'AOF (Association des Optométristes de France)

« Nous ne sommes pas opposés au projet du nouveau devis optique. Reste à savoir comment il sera mis en place. Le problème se pose au niveau du remboursement par les complémentaires santé. Elles prennent en charge que les produits livrés et non les services. Nous n’avons aucune visibilité à l’heure actuelle. Nous allons faire des propositions pour améliorer la compréhension du devis. Je ne suis pas sûr qu’en dissociant les prestations, ce soit d’une grande lisibilité pour le porteur ».

Alain Gerbel, président de la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof)  

« Le débat sur la prestation est surprenant. Tout le monde réclame de la part de l’opticien une prestation de qualité : les fabricants pour la vente de leurs verres haut de gamme, les associations de consommateurs, les OCAM à travers leurs conventions et les enseignes à travers l’obligation de certification. Nous n’avons pas à avoir honte de nos tarifs et le travail doit être facturé. Pour une partie de notre profession, la difficulté réside dans la manière d'intégrer la prestation. C'est le cas des enseignes du fait de leur politique commerciale. Elles devront expliquer aux clients les causes du renoncement à la main d'œuvre ou à la remise accordée sur la prestation. En outre, la facturation séparée de la prestation est une valeur ajoutée pour la profession et l’étape préalable indispensable à la reconnaissance du rôle de professionnel de santé de l'opticien. Il s'agit de la marche vers la réingénierie du diplôme ».

Alexandra Duvauchelle, déléguée générale du Synope (Syndicat des opticiens entrepreneurs)

« Nous sommes favorables à garantir une amélioration de l’information à l’égard du consommateur, qui permettrait en outre de valoriser la prestation, mais à la réserve qu’un certain nombre de garde-fous soient pris en compte telle que la garantie du remboursement effectif de toutes les prestations réalisées par l’opticien, parties intégrantes de la délivrance, au risque sinon d’augmenter le reste à charge des porteurs. En outre, la mise en œuvre de ce nouveau devis devra être simple, et un temps suffisant d’adaptation devra être garanti ». 

Catherine de la Boulaye, présidente de l’Union des Opticiens (UDO)

« Le début de la concertation a commencé, mais les réunions n'ont pas encore abouti. Cet arrêté doit répondre aux demandes du code de la consommation, nous ne comprenons donc pas les fondements du détail des prestations puisque la vente d'équipements optiques est réalisée avec un accompagnement de la partie commerçante, parfaitement indissociable de l'acte de vente. Dans le code de la consommation, il n'y a d'ailleurs aucun autre produit pour lequel sur une vente simple, la prestation de services est détaillée. Nous n'y sommes donc pas favorables sur un acte de vente avec une ordonnance en cours de validité. Sous l'angle du code de la Sécurité sociale, notre position est la même. En dissociant la ligne du produit qui donne lieu au remboursement avec une prestation qui n'est pas prise en compte dans le code de la Sécurité sociale, cette 2ème ligne ne sera pas remboursée. Le reste à charge du porteur pourrait alors augmenter. 

En revanche, pour les prestations complémentaires, qui ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale (l'apprentissage et la manipulation des lentilles de contact), nous sommes favorables à bien détailler et valoriser les prestations ». 

Ce projet de mise en place du nouveau devis optique ne fait pas l’unanimité auprès de tous les syndicats interrogé ni dans les résultats de notre sondage. 68% d’entre vous estiment que la refonte du devis normalisé ne va rien changer.

Il est entendu que sa mise en œuvre devra être simple et la prestation indissociable de l’acte de vente. Et qu’il n’y ait pas de séparation entre produit et prestation dans le cadre d’un remboursement par les complémentaires santé. 

L’avantage d’un tel dispositif est la mise en avant du travail de transformation de l’opticien en magasin. Trop souvent, les porteurs imaginent que leurs équipements arrivent déjà montés en magasin.