Vous l’avez remarqué, les 4 semaines écoulées n’ont rien eu à voir avec les 4 premières semaines du confinement printanier. Ce 2e épisode est plus léger que le 1er (écoles ouvertes, plus d’activités ont continué en novembre, etc.), et ceux qui les contournent sont également plus nombreux. Sans faire référence à ceux qui sortent plus longtemps ou plus loin que les limites autorisées, voire sans la fameuse attestation.

Plus de flux dans les rues

Le télétravail est inscrit dans un « protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de Covid-19 ». Si le président et ses ministres ont tour à tour affirmé son caractère obligatoire quand il est possible, il n’est pas autant utilisé que lors du 1er confinement.

Ce qui a entraîné de facto plus de flux de personnes dans les rues en novembre, et plus importants qu’on aurait pu l’attendre. Cela a profité aux commerces « essentiels » ouverts, comme l’optique. On l’a d’ailleurs remarqué dès le début de l’automne : les magasins les plus en difficultés se situaient généralement dans les grandes métropoles, où le télétravail a été plus généralisé plus tôt.

La règle du télétravail moins respectée qu’au printemps

Pour la majorité des activités, la règle du 1er confinement était : télétravail ou arrêt complet. Cette fois-ci, l’économie doit tourner autant que possible et ce n’est donc pas le cas. Les témoignages affluent de travailleurs forcés de se rendre sur leur lieu de travail alors que le télétravail à 100% avait été possible au printemps. Cela concerne près du tiers des salariés selon un sondage Harris Interactive pour le ministère du Travail.

Que ce soit par volonté de contourner les règles, nécessité professionnelle ou crainte des chefs d’entreprises de perdre le contrôle de leurs salariés, cette réticence française au télétravail profite aux commerces, et surtout ceux situés en centre-ville. Quand, en juin, le gouvernement avait appelé à diminuer le télétravail, c’était notamment pour aider les restaurants à repartir.

La France moins réglée qu’à l’étranger

Si le gouvernement a annoncé que le télétravail à 100% quand il est possible demeurerait la règle jusqu’à la fin de l’année, et au moins quelques jours par semaine à partir de janvier, la tendance ne devrait pas s’inverser. Et ce malgré l’accord trouvé jeudi après des semaines de négociations entre le patronat et les syndicats.

Un accord tardif et qui sera sans doute à peaufiner, alors qu’à l’étranger cette pratique est souvent déjà rentrée dans les mœurs. Même après le confinement, les Britanniques sont restés à 29% de télétravailleurs parmi les salariés, contre 15% en France selon un sondage Yougov. En Espagne, des règles ont été mises en place dès septembre pour les droits et devoirs des salariés et entreprises. Le Portugal a lui son cadre réglementaire de fixé depuis 2015. Un cadre qui n’existait pas pour 2 télétravailleurs sur 3 en France.

La réouverture des commerces « non-essentiels » également bénéfique

On ajoutera évidemment à la désorganisation française du télétravail la réouverture des commerces « non-essentiels » dès demain qui, malgré le maintien de l’attestation de déplacement, draineront forcément les consommateurs hors de chez eux, surtout à l’approche des fêtes. Un opticien au milieu de commerces ouverts verra de facto plus de monde qu’un opticien entouré de rideaux baissés.