« Lorsque mes porteurs sont dans mon camion, ils sont comme dans un magasin ». Thierry Coignac, opticien à Ambazac (87), a aménagé un véhicule offrant les mêmes conditions qu’un point de vente classique. Depuis le mois de septembre, ce chef d’entreprise de 43 ans va à la rencontre des personnes âgées, peu ou pas mobiles, au moins jusqu'à 30 km de son lieu de travail. 

Cette démarche s’inscrit « dans une vraie dimension sociale », en raison notamment des délais d’attente chez l’ophtalmologiste jugés trop longs. « J’exerce cette activité sur rendez-vous en parallèle de mon magasin, entre 12h et 14h ou pendant ma journée de repos le lundi », a-t-il confié à Acuite.fr.

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Encore au stade de l’expérimentation, le concept de Thierry Coignac se développe par le bouche-à-oreille. Il distribue également des flyers à des médecins généralistes. « Je travaille avec les maisons de retraite et le salon d'Incog'isle (Information Communication Gérontologique d'Isle), le 10 octobre a été une porte d'entrée car j'ai rencontré beaucoup de responsables d'associations d'aide à domicile », ajoute-t-il. 

Un investissement important

Pour réaliser son projet de longue date, le créateur d'« Opti'Prox » n'a pas lésiné sur les moyens. Equipé pour les personnes à mobilité réduite, le véhicule dispose d'une marche électrique, d'une rampe d'accès et d'un fauteuil roulant. Aussi, Thierry Coignac a mis en place des éclairages spécifiques. « Tout est réglable, je peux baisser l'intensité lumineuse pour des personnes atteintes de pathologies oculaires et l'augmenter pour ceux qui ont des problèmes de DMLA, fait-il savoir. J’offre la dignité du choix à mes porteurs », assure-t-il avec enthousiasme.

Ce chef d'entreprise aux petits soins pour ses porteurs dispose de 800 montures et « propose les mêmes prix que dans son magasin ». Il n’empêche que « la vente dure plus longtemps qu’en boutique : en moyenne 1h30 lorsque Thierry Coignac réalise un examen de vue. Côté matériel, le camion est notamment équipé d’un frontrofocomètre, une chaufferette, un Ipad pour la prise de mesures, un auto-réfracto-kératomètre portable et une tête de réfraction. « J’ai imaginé tout le concept et dessiné les plans. Adapter une tête de réfraction dans un véhicule, ce n’est pas commun », souligne-t-il avec le sourire et en gardant pour lui les secrets de fabrication.

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Au total, cet opticien a consenti un investissement de 120 000€. « La banque m’a prêté de l’argent, mais j’espère être à l’équilibre d’ici 3 ans », explique ce passionné. « Ce service peut être développé dans d’autres villes de France, car je ne suis pas le seul à avoir des clients isolés en zone rurale », conclut-t-il.