Hier, jeudi 1er décembre, Frédéric Bizard, auteur de l'ouvrage "Complémentaires santé : le scandale" a présenté une contre analyse du rapport Asterès dans un document de 28 pages intitulé "le vrai visage des réseaux de soins".

Dévoilé en octobre dernier, l'étude commanditée par L'Observatoire citoyen des restes à charge* affirme que les réseaux induisent, via le jeu de la concurrence, une baisse globale des tarifs y compris chez les professionnels de santé non affiliés. 

Renforcer le rôle l'assurance maladie

En premier lieu, Frédéric Bizard dénonce "les dangers des réseaux" et propose des alternatives à la privatisation de l'assurance maladie grâce à une régulation des organismes d'assurance maladie privés (OAP). "S'ils ont un rôle à jouer dans l'avenir du financement des dépenses, il doit être davantage encadré et ne pas interférer avec la gouvernance des soins", explique-t-il. Sa proposition : renforcer l'assurance maladie qui prend en charge 76,6% des dépenses de santé, exactement comme en 2000. 

Autre point évoqué par Frédéric Bizard : la notion de reste à charge. L'auteur de l'ouvrage "Complémentaires santé : le scandale" soutient que la France a l'un des niveau de reste à charge "les plus faibles au monde", 8 % contre une moyenne mondiale de 20 %. Il souligne également que 95 % des Français sont couverts par une complémentaire santé contre 50 % en 1970. "Les accusations répétées sur les prix libres trop élevés des professionnels de santé qui augmentent le reste à charge ne sont étayées d'aucune preuve. Une analyse européenne comparée des prix en optique et en audioprothèse démontre que les prix français sont dans la moyenne basse européenne", commente-t-il. 

"La régulation par la qualité défendue par les réseaux est une chimère"

Frédéric Bizard va plus loin et est convaincu que les réseaux de soins entraînent une augmentation des dépenses de santé. "Avec une logique de régulation par des prix bas et des volumes élevés, les réseaux de soins conduisent à une baisse de la qualité des soins et un effet recours en hausse qui se traduisent in fine par une hausse des dépenses", analyse-t-il. 

Quid des questions de qualité de prestations et de produits détaillées dans le rapport d'Asterès ? "La régulation par la qualité défendue par les réseaux est une chimère. Le réseau n'a aucun intérêt à privilégier la qualité puisque son seul objectif, c'est de faire baisser les prix", répond l'économiste. 

"Les réseaux de soins instituent une médecine à deux vitesses, de qualité et innovante pour les plus aisés, mais low cost pour les autres. Plus ils se développeront et augmenteront leur pouvoir de négociation, plus la qualité des soins se dégradera pour la classe moyenne qui sera "piégée" dans les mailles du filet des réseaux. La modulation des remboursements augmentera au fil du temps pour contraindre les assurés à ne pas sortir des réseaux", conclut-il. 

La contre-analyse du rapport Asterès visant à montrer « le vrai visage » de ces dispositifs sera envoyée à tous les candidats à la présidentielle.

*L'Observatoire citoyen du reste à charge a été fondée en 2013 par Santéclair, 60 millions de Consommateurs et le Ciss (Collectif interassociatif sur la santé).