Au 1er janvier 2017, la France compte 5 035 ophtalmologistes répartis inégalement sur le territoire. Un chiffre en baisse de 0,4% sur un an ! En l’espace de 7 ans, les départements français ont perdu en moyenne 8,2 % de spécialistes.

Une situation inquiétante alors que le nombre de pathologies oculaires augmente chaque année et les personnes non corrigées représentent 6% de la population*. Face à la pénurie d’ophtalmologistes, une sénatrice suggère d’activer les contrats de coopération transfrontaliers. Est-ce vraiment la solution ?

Faire ratifier l’accord de coopération avec la Suisse

Soucieuse de cette problématique, Catherine Troendle, a interpellé la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Dans une question écrite, la parlementaire Les Républicains du Haut-Rhin prône la ratification de l’accord-cadre de coopération sanitaire transfrontalière franco-suisse, signé le 27 septembre 2016.

Concrètement, l’Augenklinik, la clinique ophtalmologique de Bâle, pourrait former des praticiens dans les départements limitrophes, en secteur II conventionné à honoraires libres. Les spécialistes suisses établiraient leur cabinet principal en Alsace et garderaient la possibilité d’opérer leurs patients à l’Augenklinik.

Cet accord permettrait de réduire les délais dans la région Grand Est particulièrement touchée par la pénurie d’ophtalmologistes. En effet, la densité n’est que de 6,4 praticiens pour 100 000 personnes, contre 7,5 au niveau national. Ce manque de spécialistes se traduit par des délais moyens d’attente toujours plus longs : 85 jours en 2016 auprès d’un ophtalmologiste haut-rhinois, soit 8 jours de plus qu’en 2013. Pire, les patients doivent attendre « en moyenne plus de 100 jours pour obtenir un rendez-vous et même 110 jours dans le sud du département, à Mulhouse et son agglomération », fait savoir la sénatrice.

Catherine Troendle a donc demandé à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, « dans quel délai sera ratifié l’accord-cadre de coopération sanitaire franco-suisse permettant ainsi aux Agences Régionales de Santé (ARS) concernées de disposer d’une base juridique appropriée pour conclure des conventions locales de coopération et ainsi garantir, aux populations des territoires frontaliers, un meilleur accès à des soins de qualité ».

Et les opticiens ?

Aujourd’hui la Suisse ? Demain la Belgique ? l’Allemagne ? l’Italie ? L’Espagne ? Le Royaume-Uni ? A-t-on vraiment besoin d’aller chercher des solutions en dehors de nos frontières ? Dans les zones de déserts médicaux, les opticiens (34 370 au 1er janvier 2016)** peuvent jouer leur rôle de professionnels de santé de proximité. D’autant plus qu’avec le décret de 2007 et 2016, ces derniers ont de nouvelles reconnaissances. Pourquoi ne pas étendre les prérogatives des opticiens dans le cadre de la réingénierie du diplôme qui devrait débuter prochainement et faire évoluer la formation à Bac +3 et Bac +5.

En tout état de cause, cette solution sera moins longue à mettre en place en comparaison aux plus de 10 ans d’études en ophtalmologie.

*Rapport sur l’Etat de santé de la population en France, publié par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques)

**Source Drees