Avec la propagation de la pandémie de Covid-19, ce sont désormais plus de 4 milliards de personnes qui sont confinées, et tous les continents sont touchés. Comment les opticiens à l’étranger vivent-ils cette situation et s’organisent-ils ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement dont ils disposent ? Acuité vous propose une série de témoignages de vos confrères. Notre série nous emmène aujourd'hui en Portugal.

Au Portugal, le dernier bilan fait état de 12 442 cas avérés et 345 décès liés à la pandémie de Covid-19, soit un nombre bien inférieur à beaucoup d'autres pays européens, et notamment à son voisin espagnol. Les Portugais sont confinés depuis le 19 mars, et devraient le rester tout le mois d'avril.

Voici donc le cinquième épisode de notre série avec Jean-Paul Loureiro, directeur commercial du groupe Brancoptica (franchisé Opticalia) au Portugal.

 

Acuité : Quel est l’état d’esprit de la population ?

Jean-Paul Loureiro : Comme l’épidémie s’est propagée chez nos voisins avant d’arriver ici, nous avons eu le temps de nous préparer. La population s’est mise en quarantaine d’elle-même et beaucoup de magasins ont dû fermer faute de clients une semaine avant que le confinement généralisé ne soit annoncé ! Dans les grandes villes, les mesures sont bien respectées depuis. C’est plus difficile dans les villages ruraux où les habitants sont plus âgés et se sentent moins concernés.
 

A. : Les opticiens poursuivent-ils leur activité ?

J-P.L. : Les commerces d’optique ont le droit d’ouvrir normalement. Certaines enseignes ont repris leurs horaires traditionnels, qu’ils ont restreints depuis faute de trafic et de personnel. D’autres ont préféré garder portes closes. Pour nos 18 magasins, nous assurons des permanences de 6 à 9 heures hebdomadaires réparties sur 3 après-midis. On a envoyé des messages à nos clients pour les prévenir et on a constitué quatre équipes volantes qui se relaient dans les différents points de vente pour assurer ces permanences. Au début, nous pensions n’avoir à n’assurer que les services d’urgence, mais en réalité on fournit un service complet au client, à l’exception d’adaptation de lentilles et de certains examens de fond de l’œil qui demandent un trop grand rapprochement physique.
 

A. : Comment la profession s’organise-t-elle en temps de confinement ?

J-P.L. : Personne n’a été préparé à manager dans des circonstances aussi exceptionnelles. C’est compliqué car j’ai à la fois des personnels très motivés qui veulent aller en magasin, et dont il faut parfois canaliser l’entrain, et d’autres qui sont littéralement effrayés. Je n’oblige personne à faire partie des équipes mobiles et je m’efforce d’accompagner au mieux ceux qui se mobilisent. On s’appelle très régulièrement et on prend des mesures de distanciation en magasin, comme éloigner les chaises des tables pour éviter que les clients ne posent leurs mains dessus et garder ainsi une distance de sécurité.
 

A. : De quelles aides publiques disposez-vous ?

J-P.L. : Ce mois-ci, on va rentrer en chômage technique, ce qui veut dire que ceux qui travaillent garderont 100% de leur salaire, alors que les autres en toucheront 70%. Les propriétaires de points de vente ont obtenu un report de 6 mois des crédits, ainsi que des prêts et lignes de crédits exceptionnelles. Mais on continue de payer les charges courantes comme les loyers.

 

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