Peu encourageante sur l'évolution du commerce en centre-ville, la dernière étude publiée par la fédération pour l'urbanisme et le développement du commerce spécialisé, Procos, révèle que le nombre des commerces des centres-villes a diminué en moyenne de 3,7% en 12 ans. En cause, « l'effet conjugué d'une rétraction de leur périmètre (-2,2% de commerces) et d'une augmentation de la vacance commerciale (-1,5% de commerces en activité). » Dans le même temps, notent les experts, « le parc de surfaces commerciales français a doublé, passant de 70 millions à près de 140 millions de m², la très grande majorité de ce développement s'étant réalisée en périphérie. »

Le secteur « hygiène-beauté-santé » progresse

Alors que les commerces des secteurs alimentaire, hôtellerie-restauration-café et services sont restés stables et que ceux des secteurs de l'équipement de la maison et culture-loisirs chutent, Procos constate que la spécialisation de l'offre a bénéficié aux commerces des filières de l'équipement de la personne (prêt-à-porter, bijouterie, chaussures...) et de l'hygiène-santé-beauté, dont fait partie l'optique, à côté de la coiffure et de la parfumerie. Conséquence, ces catégories d'établissements ont enregistré une forte progression. Pour Pascal Madry, directeur de Procos, il s'agit d'un « phénomène inéluctable. » Et d'ajouter, que « cette évolution est valable dans toutes les villes quelle que soit leur taille, (...) et touche en priorité les villes moyennes. »



Le commerce organisé se renforce

A en croire l'étude, ce processus, « toujours à l'oeuvre depuis les années 2000 », s'est accompagné d'une « concentration de l'activité, au bénéfice du commerce organisé (franchise, affiliation, succursalisme...). » Ainsi, la part des enseignes nationales dans le volume global des commerces de centre-ville est passée de 27,9% en 2001 à 35,7% en 2013. Toutes les villes sont de nouveau concernées, quelle que soit leur taille. La part des enseignes nationales reste plus faible dans les centres-villes de petites villes (moins de 50 000 habitants), au-delà elle balance autour de 37%, quelle que soit la taille des villes.



Une polarisation de l'espace plus marquée

Autre enseignement, l'accentuation de la polarisation de l'espace. Autrement dit, les commerces se concentrent de plus en plus dans des rues principales et même dans des artères de niveau 2 dont le positionnement « shopping » (marqué par la présence de commerces d'équipement de la personne et de restaurants) évolue vers un positionnement de type « faubourien » (marqué par la présence de commerces de proximité et de services). « L'offre des centres-villes se fragilise, note Procos, comme en témoigne la progression de la vacance commerciale. Elle atteint en moyenne 7,8% des cellules commerciales des centres-villes en 2013, contre 6,3% en 2001. (...) 87 centres-villes bénéficiaient d'une situation très favorable en 2001, avec un taux de vacance inférieur à 5%. Ils ne sont plus que 38 dans ce cas en 2013, soit deux fois moins ! »



Au total, ce sont les centres des petites villes qui ont été les plus touchés, tandis que « seuls les centres-villes de très grandes villes ont connu une amélioration de leur situation ». Les raisons sont à chercher dans le développement du parc commercial en périphérie qui découle aussi de l'étalement urbain. La France compte en effet de plus en plus d'urbains mais qui résident de moins en moins au centre-ville historique. Avec cette étude, Procos juge qu'il faut « s'attendre à l'émergence d'une nouvelle crise du commerce de centre ville ». Selon son directeur, Pascal Madry, « les centres-villes ne sont plus des lieux à fréquentations multiples dans la mesure où beaucoup d'activités et de commerces ont été transférées à la périphérie. La seule possibilité de contre-attaque des centres-villes est qu'ils redeviennent des lieux de destination ».

Consommation en berne

Enfin en termes de consommation sur le mois de septembre, tous les formats de magasins se sont révélés être en négatif. Les moyennes surfaces des parcs d'activités commerciales apparaissent les plus en difficulté, à -3,8%, derrière les points de vente de centre-ville sur rue, à -2,6%. Dans notre secteur, l'activité a été également difficile en septembre.
A noter que les boutiques en centre commercial résistent mieux mais restent en négatif aussi, à -1,4% dans les centres commerciaux de centre-ville et à -0,7% dans les centres commerciaux de périphérie. « Aucun secteur d'activité n'est épargné », souligne Procos. L'équipement de la maison et la restauration accusent les plus fortes baisses, sachant que « même le secteur de l'hygiène-beauté-santé, traditionnellement mieux orienté, finit le mois en négatif », constate l'organisme.