Avec plus de 30 000 vues sur ses vidéos satiriques, Baptiste Jacquemart a décidé de passer à la vitesse supérieure en écrivant directement à François Hollande. Si cet « opticien normal » de Rouen n’attend pas particulièrement de réponse du « président normal », il a avant tout souhaité faire part de son mécontentement et de son inquiétude grandissante face à l’avenir de la profession. Acuité l’a contacté pour en savoir plus...

Acuité : Pourquoi avoir écrit au Président de la République ?

Baptiste Jacquemart : Tout simplement pour exprimer mon ras-le-bol. Cela fait un moment que mon inquiétude grandit et je me dois de faire part de ces problèmes qui concernent une grande majorité d’entre nous. Voilà maintenant deux ans et demi que François Hollande est à la tête de la France et ce Gouvernement n’a cessé de s’acharner sur les professionnels de santé, plus particulièrement les opticiens. Qu’avons-nous bien pu vous faire pour mériter un tel lynchage public ?

A. : Selon vous, la mauvaise pub faite aux opticiens a-t-elle un impact en magasin ?

B.J. : Il y a la mauvaise pub mais aussi la morosité ambiante. Les clients remettent leurs achats au lendemain. Ils n’achètent plus en magasin. Il n’y a pas un Français qui se sente bien en France et tout cela est accentué par la pression fiscale qui fait fuir les entrepreneurs. Le Gouvernement actuel a réussi a dégouter les professions qui arrivent à gagner encore un peu d’argent.

A : Sur quoi alertez-vous en particulier François Hollande ?

B.J. : J’aborde le lynchage médiatique auquel nous faisons face depuis plus d’un an et qui est de plus en plus difficile à supporter. A la limite, je peux concevoir qu’une chaîne privée passe ce qui lui plaît mais pas des chaînes publiques, c’est inacceptable ! Je paye une redevance télévisuelle pour voir des âneries sur mon métier, elle n’est pas belle la vie ? Aussi, je parle des différentes mesures concernant la règlementation de notre profession et que j’estime terriblement liberticides pour nos clients et pour nous-mêmes. Si le Président a parmi ses amis des dirigeants d’assurances ou de mutuelles qui voient d’un très bon œil le développement des réseaux de soins, j’ai tenu à lui rappeler qu’un client qui souhaiterait faire des lunettes dans mon magasin sera moins remboursé que chez un opticien partenaire, alors qu’il a cotisé le même montant. Nous marchons sur la tête ! Un client qui cotise normalement n’a pas droit à son forfait optique car il n’a pas respecté le parcours de soin... Comment est-ce possible d’en arriver là ?

A : Quelles seraient pour vous les solutions ?

B.J. : Je ne donne pas de réponse. Je ne suis pas économiste, juste un opticien normal. Et en tant que tel, je n’arrive pas comprendre pourquoi vouloir taxer toujours plus les Français qui gagnent de l’argent alors que c’est le principe même de la consommation. Si je gagne plus, je vais forcément dépenser plus. S’il veut réduire nos marges, cela revient simplement à réduire notre salaire. 1 000€/mois en tant que dirigeant d’un magasin, quelle folie ! Je n’ose même pas imaginer les conséquences d’une mesure équivalente chez nos fonctionnaires. En tout cas, il faudrait que les consommateurs et le Gouvernement arrêtent de nous voir comme des voleurs.

A : Pensez-vous recevoir une réponse ?

B.J. : J’ai peu d’espoir mais j’en serais très content. C’est plus une sorte de défouloir, ça m’a fait du bien. Ce qui me fait mal au fond, c’est de toujours entendre parler de mon métier en mal. Pour l’instant, j’aime ma France et je ne souhaite pas la quitter. Mais pour reprendre une expression célèbre : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes ».