Si les délégations de tâches doivent se généraliser à tout le pays, elles peinent à se mettre en place. En attendant, les porteurs ont souvent du mal à obtenir un rendez-vous pour avoir une ordonnance d’équipement optique. Qu’en est-il réellement ? Acuite.fr a mené l’enquête en se faisant passer pour un patient auprès de 22 cabinets d’ophtalmologie en France*.

Les grandes agglomérations sont bien loties

Sans surprise, les délais les plus courts sont sur Paris. La totalité des cabinets appelés a proposé un rendez-vous en moins d’une semaine. A Marseille, un seul avait une disponibilité pour le lendemain, un avait une attente de plus d’un mois quand le dernier ne proposait un créneau qu’en septembre prochain. Contrairement à ce que l’on imagine souvent, le Sud a été moins réactif que Paris. A Lyon, tous les cabinets appelés ont demandé de patienter deux mois en moyenne.

Des délais encore trop longs dans les moyennes et petites villes

Par contre, dans les agglomérations de taille moyenne, prendre rendez-vous s’avère plus compliqué. A Montpellier, un premier cabinet demande de rappeler et propose finalement un rendez-vous deux semaines plus tard. Un second dit ne prendre de consultations que les vendredis entre 9h et 13h en urgences. A Bordeaux, ce sont trois semaines d’attente pour les trois spécialistes interrogés, dont l’un d’eux ne prend pas de rendez-vous téléphoniques mais via une plateforme web. Pour finir ce tour de France, un ophtalmologiste lillois propose un rendez-vous trois mois plus tard, tandis qu’il faudra patienter 7 mois pour une consultation chez un ophtalmologiste à Dunkerque.

C’est dans les petites villes que l’on trouve le plus de difficultés à consulter un ophtalmologiste. A Charleville-Mézières, un patient devra attendre 18 mois dans un premier cabinet qui par ailleurs ne reçoit pas les urgences, tandis qu’un autre, sur serveur vocal, annonce être fermé pour deux mois. A Vannes, aucun des trois cabinets contactés n’a répondu malgré plusieurs appels. Enfin à Montbéliard, impossible d’avoir un rendez-avant 6 mois.

Des ophtalmologistes surchargés

On remarque aussi que plus les délais d’attente sont longs, moins les personnes chargées de faire la prise de rendez-vous sont agréables avec les patients. En effet, à Charleville-Mézières après avoir essayé d’obtenir une consultation en urgence, la secrétaire, qui avait visiblement autre chose à faire, a coupé court à la conversation d’un ton très sec. « Les délais sont de 18 mois. Si ça ne va pas, vous avez l’hôpital pour ça ! ». On peut parler d’exaspération des personnes chargées de proposer les rendez-vous.

Sur les 21 cabinets contactés, seul un (situé à Paris) a pris nos coordonnées et a même donné les tarifs de consultations ainsi que les taux de remboursement en fonction de la couverture sociale.

Ce que l’on retient de cette enquête est qu’il subsiste une inégalité géographique de ces délais d’attente. Malgré les mesures prises pour la délégation de tâches et la mise en place de cabinets aidés, il est toujours aussi long de prendre rendez-vous chez l’ophtalmologiste. La mise en place d’une délégation de compétences entre ophtalmologistes et orthoptistes élargie aux opticiens semble plus que jamais d’actualité.

 

* Trois cabinets dans les grandes villes (Paris, Lyon et Marseille), deux dans les agglomérations de tailles moyennes (Montpellier, Bordeaux et Lille) et dans les plus petites villes (Charleville-Mézières, Vannes, Montbéliard).