Les collyres mydriatiques, des gouttes pour les yeux utilisées pour dilater la pupille lors d’examens ophtalmologiques peuvent mettre en danger la santé des bébés. Dans un rapport publié récemment, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte sur les effets indésirables et recommande d’adopter la plus grande prudence lors de l’administration de ces collyres.

90 % du produit passera dans la circulation générale du corps

Concrètement, la santé des plus jeunes est mise en danger en cas de « passage systémique », c’est-à-dire lorsque la substance est absorbée par l’ensemble de l’organisme. « Il est extrêmement difficile de savoir quelle quantité de principe actif arrive dans l’œil. Seule une faible proportion du volume d’une goutte atteint la chambre antérieure de l’œil pour une action locale. Le reste est rapidement drainé par le canal lacrymo-nasal », fait savoir l’ANSM. Et de poursuivre : « ce drainage favorise un passage systémique à l’origine d’effets indésirables potentiellement graves. On peut estimer que 90% de la quantité de principe actif qui arrive à l’œil passera dans la circulation générale ».

Les principes actifs du produit peuvent avoir des effets au niveau digestif, cardiaque, et du système nerveux central.

Les bonnes pratiques

Ainsi, l’ANSM conseille chez le prématuré et le nouveau-né, d'agir avec une grande prudence lors de l'administration de ces collyres, en raison notamment des risques digestifs (distension abdominale, iléus, occlusion) et des risques hémodynamiques (dysfonctionnement cardiovasculaire).

Autres recommandations chez l’enfant : appuyer sur l’angle interne de l’œil pendant une minute pour occlure les points lacrymaux afin de limiter le passage systémique, mais aussi essuyer sur la joue de l’enfant la partie du collyre administré qui s’y écoule, afin d’éviter tout risque d’ingestion et de prévenir, chez le prématuré, le risque de passage au travers de la peau.

Chez les plus jeunes, il est également essentiel de ne pas dépasser les posologies maximales recommandées dans un intervalle de temps donné.

Par ailleurs, l'ANSM rappelle que la phényléphrine collyre 10 % est contre-indiquée chez l’enfant de moins de 12 ans et que l’atropine collyre 1 % est réservée aux adultes et aux adolescents de plus de 12 ans. Seuls les médicaments cités ci-dessous doivent être administrés aux patients pour obtenir une dilatation pupillaire ou une cycloplégie :

  • Atropine collyre à 0,3%, 0,5% et 1% pour l’atropine ;
  • Skiacol collyre 0,5% pour le cyclopentolate, contre-indiqué avant 1 an ;
  • Mydriaticum collyre à 0,5% pour le tropicamide ;
  • Isopto-Homatropine collyre à 1% pour l’homatropine ;
  • Néosynéphrine collyres à 2,5%, 5% et 10% pour la phényléphrine.