Plus qu’un proverbe, l’amour peut réellement rendre aveugle... momentanément. C’est ce que rapportent le Dr. Vincent Soler et ses collègues du service d’ophtalmologie du CHU de Toulouse Purpan dans un article publié le 24 juillet dans La Presse Médicale. De quel phénomène s’agit-il exactement ? Explications...

Tout a commencé quand une jeune femme de 28 ans, sans antécédent médical particulier, s’est présentée aux urgences à Toulouse en se plaignant d’avoir brutalement perdu la vision de l’œil droit au cours d’un rapport sexuel. C’est à peine si elle perçoit le mouvement d’une main en face d’elle. Mais la baisse brutale d’acuité visuelle ne sera que transitoire. En effet, sa vision va s’améliorer spontanément de façon progressive, sans traitement, pour revenir à la normale (10/10e) au bout de 3 mois.

Selon les médecins, ce phénomène correspond à une rétinopathie de Valsalva post-coïtale, liée à un effort d’expiration forcée contre une glotte fermée lors d’une relation sexuelle intense. En d’autres termes, il s’agit d’une rupture de vaisseaux rétiniens au cours d’un effort physique, causée par une augmentation de pression intrathoracique et une hausse généralisée de la pression veineuse.

« Cette pathologie a été décrite pour la première fois en 1972 par Thomas Duane, un ophtalmologiste américain. Notons que la rétinopathie de Valsalva peut également survenir lors d’un effort de toux, d’éternuement, de vomissement, en soufflant de manière vigoureuse, en soulevant des poids, ou encore lors du travail pendant l’accouchement », précise le Dr. Marc Gozian sur son blog.

Et de préciser : « En 1995, des ophtalmologistes américains ont rapporté 6 cas de rétinopathie de Valsalva post-coïtale, dont un survenu chez une jeune femme de 24 ans. Ils soulignaient qu’aucun patient n’avait spontanément mentionné les circonstances de survenue du trouble visuel avant qu’un médecin se décide à poser des questions directes, sans tabou ».