Ophtalmologistes, opticiens, orthoptistes, fabricants, associations, politiques, tous ne cessent de le répéter : les troubles visuels chez l'enfant ont un impact significatif sur leur scolarité et entraînent des difficultés d'intégration sociale. Un dépistage précoce est indispensable pour prévenir d’une amblyopie, d’un strabisme ou d’une amétropie. En France, d'après de nombreuses études, un jeune sur 5 présente une anomalie visuelle.

Alerte à la surexposition aux écrans

Or ces 2 dernières années, avec la pandémie, la santé visuelle des enfants et, plus généralement, leur développement socio-cognitif se sont détériorés. Deux raisons principales à cela : l'augmentation du temps passé devant les écrans et le manque de sorties à l'extérieur. Dominique Brémond-Gignac*, professeure d’ophtalmologie pédiatrique, le constate au quotidien : « Avec le confinement à cause de la crise sanitaire du Covid-19, la vue des enfants a été mise à rude épreuve. D’abord, les enfants ont été davantage exposés aux écrans avec notamment l’école à la maison. Ensuite, ils sont moins sortis à la lumière du jour. Ces deux facteurs ont perturbé leur développement neuro-coginitif mais aussi déclenché ou aggravé des troubles de la réfraction, comme la myopie ».

Les politiques montent aussi au créneau. Caroline Janvier, députée LREM, a ainsi créé un collectif de parlementaires, toutes obédiences confondues, et de personnalités, dont Gaspard Koenig, Nicolas Sirkis et Benoît Hamon, qui partagent la même analyse sur les risques liés à la surexposition des enfants aux écrans. Dans une récente tribune, ils appellent à l’élaboration collective d’une proposition de loi visant à la prévention et la sensibilisation des parents. « Les écrans sont non seulement des loisirs limitatifs à une période cruciale pour le développement, mais aussi et surtout des entraves à l’acquisition du langage, à la mémorisation des savoirs. Ils ont aussi une influence néfaste sur le sommeil, l’alimentation, ou encore la gestion des émotions », déclarent ses signataires.

Sur le terrain, la lutte s’organise

L’Asnav alerte depuis des années sur les troubles de la vision des enfants et au-delà des 16-24 ans. Présente au salon Escape Game, elle réalise de nombreux dépistages et apporte la bonne parole aux enfants et... aux parents. L’association a également lancé, en 2021, une campagne de communication sur les réseaux sociaux pour interpeller le jeune public sur l’ensemble des problématiques de santé visuelle.

De son côté, l'association humanitaire Helen Keller Europe, engagée depuis un siècle contre la cécité évitable, a lancé son programme PlanVue. Il vise un double objectif : apporter son soutien aux établissements scolaires et à l’inspection académique dans le travail de dépistage et sensibiliser les familles à l'importance de la santé visuelle.

Des lunettes délivrées par des opticiens partenaires  

Concrètement, Helen Keller Europe mène depuis 3 ans un test grandeur nature et fait un travail de dépistage dans des établissements scolaires de Nanterre. Son programme PlanVue met au jour l'ampleur de la situation. Sur l'année scolaire 2020-2021, 1 048 élèves ont été dépistés. Parmi eux, 37% présentaient des troubles visuels. A l’issue des dépistages, les élèves ayant besoin de lunettes sont orientés et accompagnés vers des opticiens partenaires. Ils bénéficient de 2 paires sans reste à charge pour les familles. Tout enfant ayant besoin de soins urgents est orienté vers l'hôpital Necker-Enfants malades, où un accès prioritaire est mis en place.

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Face aux dangers des écrans, les parents, qui sont au premier rang, sont souvent démunis. Compte tenu de l'ampleur du phénomène et de ses implications pour les jeunes générations, on ne peut que se féliciter de la mobilisation de l’ensemble des professionnels, politiques, associations.

*Le Pr Dominique Brémond-Gignac est chef du service Ophtalmologie de l’hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP et membre du conseil d’administration d’Helen Keller Europe

Ils soutiennent PlanVue !

Altarea, BNP Paribas Real Estate, Carl Zeiss Vision Care France, CPAM des Hauts-de-Seine, Essilor – Vision for Life, Fondation Ardian, Fondation Roc Eclerc, Fonds de dotation Athena Family pour l’Education, Frey, GrandVision France (magasins Générale d’Optique), Groupe Point Vision, Investissement Immobilier Conseil et Stratégie, Klesia, Laboratoires Théa, L’Occitanie et sa fondation, la ville de Nanterre, Vinci Construction France, Wendel, le ministère de la Ville et du Logement et la préfecture des Hauts-de-Seine et le Conseil départemental des Hauts-de-Seine ainsi que de nombreux donateurs particuliers.