Début juin, Hoya annonçait l’acquisition de 7 centres Médic’Œil, un groupe de plateformes techniques à destination des ophtalmologistes français. Pour mieux comprendre ce que représente cet achat, acuite.fr a interrogé Alexandre Montague, PDG de Hoya Vision Care, sur cette décision stratégique du groupe Hoya.

Acuité : C’est la première fois qu’un verrier achète des cabinets d’ophtalmologie. Quel est l’objectif de cette acquisition ?

Alexandre Montague : Un point assez important à préciser, ce n’est pas Hoya Vision Care qui a acquis Médic’Œil, mais le groupe Hoya. C’est une nouvelle entité du groupe au même titre que Hoya Vision Care ou l'activité composants électroniques. Ce n’est donc pas une acquisition en tant que “verrier” pur, mais en tant qu’acteur dans la santé visuelle (verres, contactologie au Japon, lentilles intra-oculaires). C’est une sorte d’extension dans le médical qui est un domaine dans lequel nous sommes déjà présents. Il n’y a donc rien de surprenant au niveau du groupe Hoya. Cette précision apportée, Médic’Œil est très intéressant pour nous parce qu’il s’agit d’une plateforme qui permet de soutenir les efforts des ophtalmologistes pour améliorer l’accès à la santé visuelle. Ce n’est pas une plateforme au sein de laquelle on fait de la chirurgie mais uniquement du diagnostic et des consultations de réfraction.

Ac : Qu’entendez-vous par amélioration de la santé visuelle ?

A.M. : Notre sentiment, c’est qu’au-delà du manque de praticiens, il y a aussi un manque de possibilité pour eux d’être accompagnés dans leurs choix de carrière car les modes d’activité professionnels changent. Par exemple, un jeune médecin diplômé ne veut plus forcément exercer en cabinet à temps plein pendant 30 ans au même endroit, mais varier ses activités et ses lieux de travail. Comme 2 jours en cabinet, 2 jours en clinique pour opérer et 1 jour à l’hôpital. C’est pour s’adapter à cette flexibilité que nous avons acquis les centres Médic’Œil. Notre ambition est de créer un "WeWork" * de l’ophtalmologie pour leur donner plus de liberté et d’adaptabilité en leur offrant la possibilité d'optimiser les frais fixes d'un cabinet.

Par cette initiative, Hoya veut apporter une solution aux déserts médicaux, tant en donnant une meilleure accessibilité aux patients, mais également aux ophtalmologistes. Nos centres mettent à disposition des praticiens une salle d'examen équipée du meilleur matériel, une salle d'attente, complétée si besoin d'un appui administratif. Élément important, les ophtalmologistes sont entièrement propriétaires de leurs patientèles et de leurs données médicales.

Ac : Ce partenariat va-t-il être développé en France et dans d’autres pays ?

A.M. : Avec les centres Médic’Œil, le groupe va déployer un business model stratégique mais pas forcément lié au marché français. Nous aurions pu avoir cette opportunité dans d’autres pays. En tout cas, nous n’avons aucune certitude à ce sujet pour le moment. Nous pensons qu’à l’échelle française, Médic’Œil va nous accompagner dans le processus car ils sont vraiment passionnés et son fondateur, le Dr Jean-François Reynaud, partage notre vision quant à la nécessité pour chaque Français de pouvoir accéder à des soins visuels. Nous allons déjà observer l’évolution sur la France mais nous regardons d’ores et déjà s’il y a d’autres pays dans le monde dans lesquels il y aurait des choses à faire sur les centres de santé visuelle.

*WeWork est une entreprise qui met à disposition des locaux et des services de coworking