La cécité engendrée par une maladie du stroma cornéen affecte plus de 12 millions de personnes dans le monde. Si la greffe de tissus humains est pratiquée depuis de nombreuses années et donne de bons résultats, le nombre de donneurs est très faible et nécessite une transplantation dans les 7 jours qui suivent le décès avec des conditions de stockage exigeantes. Il y a environ 1 cornée de disponible pour 70 patients, et l’opération n’est réalisée que dans les plus grands hôpitaux, ce qui exclut une bonne partie de la population mondiale qui n’a pas accès à ces conditions de soins. Récemment, une cornée artificielle a été mise au point mais n’a pas encore reçu l’approbation des autorités sanitaires et reste très contraignante pour le patient.

Une grande facilité d'utilisation

A l’université de Linköping en Suède, le professeur Mehrdad Rafat et son équipe de chercheurs ont réalisé une étude pilote auprès de 20 patients aveugles, ou presque, ayant développé un kératocône. Objectif : leur rendre la vue en utilisant du collagène de qualité médicale provenant de peau de porc, déjà utilisé dans d’autres dispositifs médicaux comme la chirurgie du glaucome : ce collagène est appelé BPCDX (bioengineered porcine construct, double crosslinked). Stérilisé et emballé, l’implant peut être conservé pendant deux ans dans un réfrigérateur. L’opération peut être réalisée au laser mais aussi manuellement avec du matériel simple : après incision dans la cornée, l’implant est placé et aucune suture n’est nécessaire.

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L'implant, constitué de collagène porcin, ressemble à une cornée humaine 

 

Des résultats encourageants

Cette méthode est parvenue à améliorer significativement la vue de tous les patients : 3 d’entre eux ont même aujourd’hui une acuité visuelle de 20/20. L’opération est non-invasive et n’a pas fait l’objet de complications : le tissu a rapidement guéri, et 8 semaines de traitement avec des collyres immunodépresseurs ont suffi à empêcher un rejet, contre plusieurs années de traitement lors d’une greffe issue d’un donneur humain. Après 24 mois de suivi, aucune complication n’a été constaté chez ces 20 patients.

Les avantages par rapport à une greffe humaine sont considérables :

  • Disponibilité de l’implant, indépendant de donneurs humains
  • Durée de conservation de l’implant avant opération de 2 ans (contre une semaine pour un tissu humain)
  • Opération non-invasive et qui requiert moins de moyens techniques
  • Traitement post-opératoire léger et court

D’autres études sont en cours pour certifier l’efficacité de cette méthode.