Vos clients vont peut être vous poser des questions dans les prochaines semaines sur la présence de produits chimiques éternels (PFAS) dans les lentilles de contact.

En effet, une récente étude américaine a pointé du doigt la présence de ces substances dans les lentilles de contact de 3 marques testées par un laboratoire certifié par l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA).

18 gammes de J&J, CooperVision et Alcon testées

C’est la communauté du blog californien Mamavation qui a souhaité savoir si les lentilles de contact les plus utilisées aux USA contiennent, ou non, des PFAS, molécules fluorées (per et polyfluoroalkylées) persistantes et parfois toxiques, aujourd’hui présentes dans d’innombrables produits de consommation de la vie courante, ainsi que dans les sols, l’eau, les organismes vivants y compris les humains, et vecteurs de cancers, complication chez les fœtus, maladies rénales et autres pathologies.

Selon l'American Chemical Society, les lentilles de contact sont généralement fabriquées avec une combinaison de polyméthacrylate de méthyle (PMMA), de silicones et de fluoropolymères (qui sont souvent des PFAS) pour créer un matériau plus souple. Et améliorer la transmission de l'oxygène à la cornée.

contact-lenses-4792987_1.jpg

Le laboratoire confirmerait la présence systématique de PFAS

18 types de lentilles des marques Johnson & Johnson, CooperVision et Alcon, les plus utilisées par les 48 millions de porteurs de lentilles américains, ont été testées en laboratoire. Selon cette étude, toutes contiennent des PFAS dans des proportions diverses, allant de la plus faible concentration des Acuvue Oasys avec Hydraclear Plus pour l'astigmatisme - 105 parties par million (ppm) de fluor organique, à la plus élevée avec les Alcon Air Optix Colours avec technologie Smartshield — 20 700 parties par million (ppm) de fluor organique. La plupart des gammes testées sont distribuées en France. 

Quelles conséquences sanitaires pour le porteur ?

Aucune étude n’indique que le contact oculaire avec des PFAS ait des conséquences sur la santé visuelle ou la santé en général. Aucune étude n’indique non plus le contraire.

Nous avons donc contacté les 3 marques concernées par la publication de Mamavation, par ailleurs reprise dans plusieurs journaux comme VisionMonday, Sciences et Vie, Doctissimo ou encore The Guardian. Nous avons également contacté l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui a fait part de sa volonté de clarifier la situation dans les meilleurs délais.

Nous souhaitons avant tout vous apporter des éléments de réponse au cas où vous seriez confrontés à un client qui se réfère à cette étude.

  • Vincent Perrin, General Manager Vision Care France Benelux, « Il n’y a pas de PFAS dans les lentilles souples de Johnson & Johnson. L’étude en question comporte des limitations dans sa démarche. Par ailleurs, nous n’avons pas été impliqués dans la revue, à aucun stade de l’étude ou de la publication ».
  • Bertrand Dupourque, directeur général de CooperVision France : « Les PFAS peuvent être utilisées dans une large gamme de produits pour leurs importantes propriétés chimiques et physiques. Comme des milliers d'autres entreprises, nous continuons à nous informer le plus possible sur cette question et nous nous engageons à agir de manière responsable dans l'intérêt de nos clients et des pratiques durables. »
  • Steven Smith, directeur général de la communication externe d'Alcon : « Nous sommes au courant de la couverture médiatique d'un rapport récent concernant les lentilles de contact, qui prétend mesurer le fluor organique dans certaines lentilles de contact. Alcon remet en question les résultats de ce rapport. Par exemple, les lentilles de contact Dailies Total 1 et Total 30 ne contiennent pas de fluor organique dans leur formulation. Alcon a demandé une copie du rapport afin de mieux comprendre comment il est parvenu à ces conclusions. En attendant, les consommateurs peuvent utiliser en toute confiance toutes les lentilles de contact Alcon ».

Quelles conséquences sur l’environnement ?

core_cl-sustainability-infographics-3-scaled.jpgQuand bien même les PFAS n’induiraient pas de conséquences néfastes directe au porteur, leur cumul est devenu problématique pour l’environnement. Comme tout plastique jetable à usage unique, la prise en charge de la fin de vie du produit est quasi-inexistant :

Il y aurait 2,5 milliards de lentilles de contact, pesant au total environ 20 tonnes, qui sont jetées aux USA chaque année. Plus de 20% des porteurs de lentilles les jettent dans les toilettes ou le lavabo. Cela finit par créer un cauchemar pour les stations d'épuration car, pour chaque litre de boue traité, on trouve 1 lentille de contact : autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

 

Concernant les PFAS, de nouvelles règlementations européennes ont vu le jour ces dernières années et vont se renforcer, compte tenu de leur nocivité avérée pour les organismes. Leur caractère polluant très persistant, dont la présence est déjà généralisée dans l'eau, l'air, le sol, les pluies et les écosystèmes (faune en particulier) et dans le sang de la population humaine, a conduit les scientifiques et les administrations à « réglementer, surveiller et gérer » les PFAS.