De nouvelles technologies inspirées de l’œil humain se mettent au service de la sécurité routière. Alors que le nombre de conducteurs de plus de 65 ans ne cesse de croître et que nous conduisons à des âges de plus en plus avancés, il est nécessaire de faire face à ce bouleversement démographique et répondre au besoin de préserver la sécurité sur les routes. C’est pourquoi, les chercheurs du Streetlab, filiale de l’Institut de la vision, ont développé et évalué une interface « tête haute » visant à assister le conducteur senior dans sa conduite.

Eviter 64% des accidents

Cette technologie innovante a été développée en tenant compte des principaux déficits visuels pouvant survenir au cours du vieillissement. Elle alerte le conducteur de la détection d’un véhicule dans l’angle mort ou d’un freinage brutal du véhicule qui précède, en diffusant des signaux visuels sur le pare-brise du véhicule. Son avantage : elle optimise la position du regard sur la route et procure, dans certaines situations complexes, plus d’efficacité pour alerter le conducteur d’un danger. Selon les tests menés, 64% des accidents pourraient ainsi être évités alors qu’en 2015, les conducteurs de plus de 65 ans représentaient 25% des morts sur les routes françaises, selon l’ONISR*.

Ce projet, baptisé Advise, a été financé par la Fondation Maif, dans le cadre de sa démarche de prévention des risques liés à la mobilité. Il démontre, s'il en était besoin, tout l'intérêt de pouvoir adapter ou personnaliser les systèmes d'aide à la conduite, en fonction des capacités et performances visuelles spécifiques des conducteurs, et en particulier des seniors.

Renault offre la vue à ses véhicules

Et nombreux sont les constructeurs automobiles à s’intéresser de plus près à ce type de technologie, à l’instar de Renault qui s’est récemment associé à la start-up parisienne Chronocam afin d'offrir une technologie de vision artificielle à ses futurs modèles. Ce partenariat va lui permettre de « bénéficier de la technologie de capteurs de vision inspirés de l’œil humain pour étendre les capacités des aides à la conduite et de la conduite autonome ».

Selon la marque au losange, cette technologie permet une « détection plus rapide des personnes et des obstacles » ainsi qu’une « amélioration de la performance des caméras pour détecter et s’adapter aux conditions environnementales et contextuelles ». Elle devrait donc s'avérer particulièrement utile pour éviter les collisions, assister le conducteur, protéger les piétons ou encore détecter les angles morts. La sécurité au volant en sera améliorée marquant alors une nouvelle étape vers le développement de la voiture autonome.

Un marché de 260 milliards de dollars dans 4 ans

Streetlab a également l’ambition de développer une interface Adas (Systèmes d'assistance à la conduite) dans le cas des intersections. Il pourrait ainsi se rapprocher des équipementiers automobiles afin d’adapter ces technologies aux différents problèmes de vision, comme la DMLA. Car le vieillissement entraîne un déclin des capacités fonctionnelles, que ce soit au niveau sensoriel, physique ou cognitif. La vision est le sens le plus important pour la conduite et le vieillissement affecte une large gamme des fonctions : l’acuité visuelle, le champ visuel et la sensibilité aux contrastes.

Selon une étude récente réalisée par le cabinet ABI Research,  le marché des Adas devrait atteindre en 2020 un chiffre d’affaires global de 260 milliards de dollars au niveau mondial, avec une progression annuelle moyenne de 41% sur les sept prochaines années.

*Observatoire national interministériel de la sécurité routière