Acuité a interviewé Henry-P Saulnier, président de l’UDO
Comme les deux autres syndicats d’opticiens, l’AOF et la FNOF, l’UDO a rencontré le Pr Berland, chargé par le Ministère de la Santé d’un nouveau rapport.

Acuité : Comment réagissez-vous à la prise de position des ophtalmologistes, favorables aux orthoptistes pour les seconder dans leurs cabinets ?

Henry-Pierre Saulnier
: Nous ne voulons pas entrer dans une polémique sur les compétences des uns et des autres. Mettons nous à la place du client. Pour lui, le problème réel n’est pas de savoir qui doit effectuer la réfraction mais comment s’équiper rapidement avec prise en charge financière.

Quelle proposition avancez-vous ?
Si aujourd’hui, les opticiens devaient pratiquer la réfraction sans modifications des modalités de prise en charge, nos clients ne seraient pas équipés plus rapidement et nos magasins ne seraient pas plus prospères. A l’inverse, si on mettait en place des schémas offrant à nos clients de s’équiper avec prise en charge directement dans nos magasins, la question de la réfraction serait réglée par les faits. D’ailleurs les opticiens peuvent traiter les plus de seize ans en réfraction subjective. Sur cette simple logique, nous explorons toutes les pistes dont le remboursement au premier €uro, sans prescription médicale.

Le nombre de missions qui se sont succédé d’un ministre à l’autre, montre la difficulté à régler ce dossier, peut être pour des raisons de faisabilité…
Nous sommes prêts à discuter rapidement, sous couvert du Pr Berland, avec les ophtalmologistes d’une solution concrète, claire et simple. La prévention, le dépistage restent du domaine exclusif du médecin, ainsi que la visite pour le premier équipement, sur prescription médicale, suivi d’un renouvellement directement chez l’opticien.

Il faudrait rendre obligatoires des bilans ophtalmologiques le long de la vie ?
Bien sûr, il appartient au gouvernement de se déterminer sur ce point afin que des bilans chez les ophtalmologistes soient régulièrement effectués selon des périodicités fixées. Il faut distinguer la réfraction de la prévention. J’ai d’ailleurs évoqué ce problème avec le Dr Seegmuller, dans le cadre de discussions informelles que nous avons eues à l'occasion du congrès de la SFO. Celui-ci semble convenir que cela pourrait être une base de discussion concrète entre les deux professions. Les réformes à venir engagent sur le moyen terme, nous devons donner à nos adhérents et clients une vision à long terme.

Les orthoptistes n’ont pas la volonté de vendre et prescrire, comme les opticiens ?
Ce n’est pas une nécessité de santé publique de passer chez un ophtalmologiste pour une réfraction lunettes. L’opticien doit exercer le principe de précaution et adresser son client chez un ophtalmologiste au moindre doute. On sait ce qui se passe sur le terrain : des opticiens ont des carnets d’ordonnances signées, des prescriptions de généraliste, d’autres provenant de cabinets et rédigées par des non médecins.

Pour vous cela tient plus du corporatisme que de la santé publique ?
Chacun défend sa corporation, ce qui est très légitime, en agitant le bel étendard de la santé publique derrière lequel nous sommes tous prêts à nous aligner. Dans la confusion et l’incohérence quelquefois. Ainsi, alors que nous savons tous qu’une visite chez l’ophtalmologiste est indispensable pour le jeune presbyte, la cour de Cassation lui permet d’acheter n’importe où des prémontées, sans dépistage d’un éventuel glaucome.S'agit-il dans ce cas de santé publique ?

Quelles sont concrètement vos propositions ?
Le dépistage chez l’ophtalmologiste. Les orthoptistes restant dans leur mission, fixée par leur décret car la solution «orthoptiste» ne règle pas le maillage et elle est inflationniste en terme d’honoraires. Le client peut se faire équiper par l’opticien avec prise en charge par les organismes obligatoire et complémentaires, à charge à l’opticien d’appliquer le principe de précaution et d’envoyer au moindre doute vers l’ophtalmologiste. Le seul maillage efficace reste la solution «opticien».