La Cnam vient de mettre en ligne sur son site Ameli.fr un service de consultation des tarifs des professionnels de santé. Les assurés peuvent notamment y trouver ceux des ophtalmologistes, épinglés par le dernier rapport de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) pour l'importance de leurs dépassements d'honoraires. En quelques clics, il est possible de vérifier, sur un annuaire complet, le niveau de conventionnement de chaque praticien, une fourchette du prix de ses consultations et ses tarifs les plus fréquents. Le coût des principaux actes techniques, comme les opérations de la cataracte, sera disponible à la fin de l'année, les patients étant souvent mal informés des sommes pouvant rester à leur charge.

Ce nouvel outil vise à donner aux patients une "idée" des tarifs pratiqués par les médecins en "secteur 2", qui fixent librement leurs honoraires. Les montants indiqués ont été calculés sur la base des remboursements des trois derniers mois pour les médecins, et des six derniers mois pour les dentistes. "Souvent l'obligation légale d'affichage n'est pas respectée par les médecins. L'Assurance maladie néglige sa mission de contrôle des tarifs. Résultat : sur Paris, on se retrouve parfois avec des consultations de spécialistes dont le tarif atteint 4 ou 5 fois le tarif Sécu" explique Magali Léo, chargé de mission au CISS (Collectif interassociatif sur la santé).

La confédération des syndicats médicaux accueille prudemment ce dispositif, mettant en garde contre l'amalgame qui pourrait être fait entre la qualité des soins et la tarification. La Confédération nationale des syndicats dentaires, plus virulente, a quant à elle dénoncé "un leurre", car "cela n'améliore pas l'information du patient ni sa prise en charge, l'essentiel du problème restant l'insuffisance des remboursements des soins". Le syndicat a en outre averti du risque de "dérives commerciales" de ce système, les praticiens pouvant être tentés par un nivèlement des tarifs vers le haut. Il a saisi la Commission nationale de l'informatique et des libertés, au motif que "l'affichage public des prix" pouvait constituer une "forme de publicité" interdite par le Code la Santé. La Cnam précise de son côté qu'elle ne fait qu'appliquer la loi d'août 2004 qui lui donne pour mission de fournir les tarifs pratiqués afin d'orienter les patients.

Rappelons que selon l'Igas, les dépassements d'honoraires ont fortement augmenté ces dix dernières années : en 2005, ils représentaient 2 milliards des 19 milliards d'euros d'honoraires encaissés par les médecins, soit la moitié du plan d'économie souhaité par le Ministère de la santé. Le taux de dépassement des ophtalmologistes en "secteur 2" est de 54% (87% en Ile(de-France), un sur 10 pratiquant un taux de dépassement supérieur à 119%.