Croissance et rentabilité sont les deux piliers du marché de l'assurance santé-prévoyance. Au point que les opérateurs se livrent désormais bataille sur ce segment dont la progression (+6,9% en 2008) est supérieure à celle de l'assurance dommages (+1,4% en 2008). "Ce marché est porté par la hausse continue des dépenses de soins et le sous-équipement des Français en produits de prévoyance (décès, accident...)", résume Cyrille Chartier-Kastler, président fondateur du cabinet Facts & Figures qui mène des missions de conseils auprès des assureurs (*).

Une rentabilité à toute épreuve

"La complémentaire santé est un domaine où l'assureur peut maîtriser sa rentabilité. C'est un risque court et réajustable", nous explique Cyrille Chartier-Kastler. Court parce qu'il donne lieu à des prestations limitées dans le temps. Réajustable parce que les tarifs sont calculés au plus près chaque année. "Et même en cours d'année sur les nouveaux contrats, quand l'assurance maladie procède par exemple à un transfert de charge". C'est aussi un "bon" risque : "La sinistralité est comprise entre 65% et 75%, hors coûts de gestion et commissions de distribution". Sur 100 euros de cotisations, de 65 à 75 euros sont affectés aux dépenses de l'assuré. "C'est un excellent ratio pour un marché de masse, qui plus est en forte croissance".

Et les réseaux de soins ?

Selon Cyrille Chartier-Kastler, si les réseaux des soins offrent un levier supplémentaire sur la rentabilité, ils n'influent que marginalement sur les performances des assureurs. "Il est certain qu'ils ont tout intérêt à développer ces conventionnements pour maîtriser la dépense finale". L'assuré sera par exemple toujours remboursé à 100%, mais le ratio sinistre sur prime s'en trouvera amélioré. "Toutefois, l'optique et le dentaire où se concentrent les réseaux de soins ne sont pas les plus gros postes des assureurs. Et il n'y a pas d'obligation pour les assurés à se rendre chez les professionnels conventionnés", observe Cyrille Chartier-Kastler.

La santé, nouvel eldorado

En plein essor, le marché de la complémentaire santé suscite des convoitises. "Les instituts de prévoyance spécialisés dans l'assurance collective s'attaquent désormais au marché des contrats individuels. Et des institutions comme la Matmut et la GMF ont lancé une offre santé en propre. La Macif monte également en puissance sur ce segment". Les bancassureurs ne sont pas en reste : "Le Crédit mutuel et le Crédit agricole proposent déjà une offre santé. BNP Paribas s'y prépare et pour la Société générale, la question va se poser".

La pression sur les professionnels de santé ?

Cette concurrence accrue n'a pas d'effet bénéfique pour les assurés, selon Cyrille Chartier-Kastler. "On n'observe pas de pression sur les tarifs. En revanche, on assiste à une rotation accrue des contrats. Les complémentaires ont le plus grand mal à conserver leurs clients". La pression retombera-t-elle sur les professionnels de santé avec la mise en place de réseaux fermés ? "C'est un scénario possible mais quoiqu'il en soit très lent. Et tant que les assurés ne se rendront pas dans les réseaux agréés, et rien ne les y oblige pour le moment, cela reste totalement virtuel".

(*) La santé pèse environ 51% des 9,6 milliards d'euros générés en 2008 par l'assurance santé-prévoyance.