Selon une enquête menée par l'UFC-Que Choisir, 13 % de la population seraient dans un désert médical ophtalmologique. En ne tenant compte que des professionnels sans dépassement d'honoraires (secteur 1), c'est 45% des patients qui habitent dans une ville où la densité d'ophtalmologistes est inférieure d'au moins 60 % à la moyenne nationale (9 médecins pour 100 000 habitants).

L'accès aux soins est donc loin d'être simple pour les bourses les moins bien remplies. L'association consumériste dénonce une « intolérable fracture sanitaire », qui engendre de longs délais d'attente : les patients contraints de consulter un ophtalmologiste de secteur 1 doivent patienter parfois jusqu'à 131 jours, alors que « dans un cas sur deux, le délai est inférieur à 79 jours pour un rendez-vous chez un praticien de secteur 2 ».

L'accord sur les dépassements « n'est pas à la hauteur des enjeux »

La question des dépassements d'honoraires est ainsi au coeur de cette problématique de l'accès aux soins. L'Etat espère que l'accord conclu entre les syndicats de médecins et l'Assurance maladie, définitivement signé hier 25 octobre, aidera à réduire la fracture sanitaire. Il prévoit des sanctions contre les praticiens pratiquant des dépassements « abusifs », notamment caractérisés par un tarif excédant 70 euros. Mais cette mesure est loin de satisfaire les associations de consommateurs. « Elle a toutes les chances ne pas freiner les appétits des médecins les plus gourmands. Pire, elle pourrait être interprétée, par l'ensemble des médecins à honoraires libres, comme une incitation à pousser leurs tarifs jusqu'à ce niveau de dépassement », regrette l'UFC-Que Choisir. Cela pourrait être le cas des ophtalmologistes de secteur 2, dont les honoraires s'élèvent à 45 euros en moyenne.

L'association juge également « sans intérêt » le contrat facultatif « d'accès aux soins », par lequel les praticiens de secteur 2 s'engageront à développer leur activité au tarif Sécu et à limiter leurs dépassements à 100% du tarif Sécu. « La seule mesure concrète est que les médecins pratiquant des dépassements seront tenus d'appliquer les tarifs de l'assurance maladie non plus seulement aux bénéficiaires de la CMU, mais aussi à ceux de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire (ACS) ».