« Rien que pour vos y€ux », Pascal Perri à la rescousse de Marc Simoncini

Et ça continue encore et encore... Après la salve d'attaques médiatiques dont notre secteur a été la victime ces deux derniers mois, c'est aujourd'hui un livre, disponible dans toutes les librairies françaises, qui attaque le marché de l'optique. Selon son auteur Pascal Perri, Rien que pour vos y€ux est une nouvelle enquête qui a pour but « de mettre à jour ce que certains ont tout intérêt à garder caché, pour protéger leurs profits et à notre détriment à tous ». Au final, rien de bien nouveau à la lecture de ces 80 pages qui reprennent notamment les dernières études publiées par Sensee.com et l'UFC-Que-Choisir.

Internet : moteur d'ouverture d'un marché opaque

« Cela fait longtemps que je défends, à travers des livres et des prises de paroles dans les médias, l'intérêt du consommateur contre tous les types de rentes ou d'abus de position dominante », s'explique Pascal Perri. Et selon lui, concernant « le scandale de l'optique en France », « les faits sont là, indiscutables ». Divisé en deux parties, le bouquin aborde en premier lieu le marché français de l'optique et ses divergences face à d'autres pays, alors que les structures de marché ne sont pas comparables. Pascal Perri entame ensuite un large chapitre sur « les coulisses d'un marché opaque », en passant par la question des marges, les Ocam, la concentration du marché autour de certains industriels, l'optimisation de facture et l'arrivée d'Internet.

En conclusion, il retient que « l'optique chère n'est pas une fatalité » et que la qualité ne justifie en rien le prix actuel d'un équipement. Face à un pouvoir d'achat en berne et une économie de la santé en déficit, « les dépenses d'optique doivent être placées en tête de la liste des postes à examiner ». Cependant, s'il relève une dette sociale de la France en 2011 s'élevant à 209 milliards d'euros, il oublie que l'optique n'en est pas la cause. Et pour réguler notre secteur, quoi de mieux, selon lui, que « l'ouverture de l'offre et de la demande sur Internet, dès lors qu'il est établi que la qualité optique en ligne est irréprochable et que la santé des clients n'est pas menacée ».

Mais c'est ici que le bât blesse. Aujourd'hui, les Français restent frileux à l'achat en ligne de leurs produits de santé (voir notre news du 14/12/2012), et les lunettes de vue en font partie. Pour cause, un équipement optique ne peut se comparer à « une écharpe achetée par correspondance ». Le choix des montures, l'essayage et les prises de mesures sur les sites Internet ne sont pas encore optimisés (voir notre news du 06/06/2013) et nécessitent toujours l'intervention du professionnel de santé. Pire, certains actes comme l'ajustage ne peuvent se faire virtuellement. A ce sujet, rappelons que Marc Simoncini annonçait il a quelque temps la publication d'une étude comparative « révolutionnaire » sur les prises de mesures en magasin et sur Internet. Nous en attendons toujours les résultats...

Mais qui est Pascal Perri ?

Enfin, si la question reste bien évidemment complexe, il est légitime de se demander qui est réellement celui qui « veux donner dans ce livre une image sans concession et objective du marché de l'optique ». Auteur d'autres opus dans lesquels il s'attaquait, notamment, à la SNCF ou à EDF, qui se cache donc derrière cette plume acerbe ?

Pascal Perri est d'abord journaliste de formation. Il est rédacteur en chef chez RFO entre 1987 et 1996. C'est à cette époque qu'il se lance dans l'entreprenariat, devenant le dirigeant d'une société de boulangerie industrielle dans l'est de la France (un métier qui a aussi en son temps été attaqué pour ses fortes marges). Une entreprise qui sera vendue en 2001 à un fond d'investissement américain. Il devient alors le porte-parole de Jean-Charles Corbet, PDG d'Air Lib (reprise d'Air Libierté), deuxième pôle aérien et première grande initiative d'offre low cost sur le marché domestique. Deux ans plus tard en 2003, la compagnie dépose son bilan, victime d'une gestion catastrophique. Entendu pour son rôle dans cet échec par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, il déclarera être « beaucoup plus juriste et géographe qu'économiste ». Il rebondira en 2005, créant un cabinet de conseil en stratégie, PNC, spécialisé dans le low cost. Depuis 2006, il est également membre de l'équipe des Grandes gueules, sur RMC, une émission dans laquelle il se fait souvent remarquer pour ses positions radicales.

Côté écriture, il publie deux travaux sur les modèles économiques low cost, Toujours moins cher : low cost, discount et cie en 2006, et La bataille du pouvoir d'achat : comment la gagner en 2008. Il s'attaque ensuite aux grands monopoles français avec SNCF, un scandale français et EDF, les dessous d'un scandale, dans lesquels il plaide pour un marché plus concurrentiel et transparent. Parallèlement, il a publié un essai polémique sur les liens entre l'argent et le foot, Ne tirez pas sur le foot.