Adopté en seconde lecture à l'Assemblée nationale le 16 décembre, l'article 17 quater du projet de loi relatif à la consommation impacte largement notre secteur et la filière de santé visuelle. Si au départ, il prévoyait d'allonger la durée de validité d'ordonnance à 5 ans (contre 3 actuellement), les députés ont finalement abandonné cette mesure. Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) salue le maintien de la législation actuelle et accueille très favorablement les déclarations du Gouvernement en faveur de la délégation de tâches envers les orthoptistes.

« Le maintien de la durée d'ordonnance des lunettes à trois ans nous permet de garder la dynamique de prévention qui est à la base de l'organisation du système de soins oculaires français, souligne le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof. Nous soutenons le Gouvernement pour son plan basé sur la délégation de tâches envers les orthoptistes. C'est un plan qui nous permettra de tirer un meilleur parti des ressources que nous avons aujourd'hui pour faire face à la pénurie de praticiens ». Cependant pour le syndicat, « les députés auraient pu aligner la durée de validité de l'ordonnance des lentilles sur celle des lunettes sans porter le moindre préjudice au marché de la vente de lentilles en ligne. Cette disposition protégerait bien la santé des patients, nous souhaitons que les décrets du Conseil d'État aillent en ce sens ».

C'est pourquoi les ophtalmologistes de France resteront très attentifs à la seconde lecture au Sénat qui devrait avoir lieu en début d'année 2014 et lors de l'élaboration des décrets d'application par le Conseil d'État, notamment pour ce qui concerne les lentilles et la mesure de l'écart pupillaire. Cette dernière mesure « est symptomatique d'un lobbying impressionnant, nous avait alors confié le Dr. Rottier le 11 décembre dernier (lire notre news). En estimant la prise de l'écart à 3 minutes multipliées par les 10 millions d'ordonnances de lunettes que nous délivrons chaque année, cela équivaut à 250 ophtalmologistes temps plein... Tout cela pour une mesure qui permettra aux sites Internet de vendre plus de lunettes », s'était-il exaspéré. Rappelons qu'actuellement pour avoir un rendez-vous chez un ophtalmologiste, le délai est de 115 jours en moyenne et atteint même dans certains départements 385 jours, soit plus d'un an !.

« Par ailleurs, il importe de faire savoir que cette mesure (l'écart pupillaire, ndlr) est insuffisante pour permettre à l'opticien de faire un montage des verres de qualité, continue le syndicat. Les ophtalmologistes ne pourront pas être tenus responsables de l'insatisfaction des clients qui seront mécontents de leur équipement optique. Hier, pour la première fois, les législateurs ont imposé à une spécialité médicale une mesure dont la finalité est de servir les intérêts d'une entreprise privée », conclut le Dr. Rottier.

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