La presse ne cesse de parler de l'impression 3D, y voyant les ferments de la prochaine révolution industrielle. Pourtant, si cette technologie, connue depuis les années 1980, semble répondre à de nombreux défis (développement durable, obsolescence programmée, design originaux etc.), force est de constater que les fabricants sont encore peu nombreux à se lancer dans l'aventure.

Dans notre filière, Lissac fait figure de pionnier avec l'ouverture au niveau national, d'ici un mois, de son service de lunettes sur-mesure intégrant la fabrication d'un prototype par impression 3D. « Un moyen de valider les dernières mesures et la fonctionnalité d'une monture avant la réalisation de la lunette finale, nous précise Marc Klein, DG de l'enseigne. Pour cela, précise-t-il, nous fabriquons un prototype monochrome (bleu) à l'aide d'une imprimante stéréo-lithographique utilisant de la résine photosensible aux rayons UV. »
« En raison de toutes les courbures et de toutes les pièces qui la composent, une monture s'avère très complexe à modéliser en trois dimensions, nous révèle-t-il. Il y a en effet un très grand nombre de paramètres à prendre en compte. Nous avons dû convertir tous les algorithmes permettant de faire de la 3D pour que notre dessin de monture puisse être lu dans les deux sens (de la 2D à la 3D et inversement, ndlr) ». Ce développement a duré près d'un an et a été réalisé avec le concours de Fitting Box.


Marc Klein présente des prototypes à l'atelier Lissac (Clamart)

Renforcer le rôle de l'opticien à travers « une pure expérience créative »

Concrètement, le porteur souhaitant une monture sur-mesure devra se rendre dans un point de vente Lissac, où son opticien l'accompagnera dans l'élaboration d'une première esquisse. Son rôle est d'autant plus important ici, et renforcé, qu'il pourra échanger avec son client afin d'en cerner les envies et les attentes, avant de procéder aux prises de mesures et au choix des verres.
Avec toutes les données recueillies, l'opticien envoie un dossier au designer de Lissac, Damien Fourgeaud, qui interprétera en plusieurs propositions, soumises au porteur soit par mails soit lors d'une rencontre en magasin. « En cas d'accord, nous lui envoyons sous une dizaine de jours les dessins de base et le prototype en résine pour qu'il le chausse. Après cette étape, nous proposons à notre porteur d'essayer la lunette finale virtuellement grâce au plan 3D texturé pour validation. Enfin, nous lui envoyons le produit fini sous trois semaines. Ce processus offre à nos porteurs la possibilité de vivre une pure expérience créative ! » souligne Marc Klein.


Fabrication à la main de la monture définitive dans l'atelier Lissac de Clamart

Théâtraliser la vente en magasin

Le professionnel qui souhaite proposer ce service « recevra alors un kit de communication pour son point de vente (flyers, posters etc.) », nous apprend le directeur de l'enseigne. Et d'ajouter : « l'objectif est d'aider nos opticiens à théâtraliser cette vente, en invitant son porteur à venir un jour où il aura le temps de s'occuper de lui, donc dans un cadre bien particulier pour qu'il se sente vraiment privilégié ». Les montures sur-mesure, avec prototype 3D, sont vendues à partir de 520 euros, hors options (inserts, barre de métal, strass...).
Avec ce procédé, Lissac s'empare d'une technologie encore émergente, propose un nouveau service et valorise un business modèle unique en France.