Le cas rare et spectaculaire a été rapporté par une équipe du service d’ophtalmologie de l’hôpital Bicêtre, au Kremlin-Bicêtre (94).

A 11 ans, la jeune fille est allée consulter pour « larmoiement sanglant récurrent de l’œil gauche, évoluant depuis 5 semaines ». Autrement dit, elle pleurait des larmes de sang. Lors de ces épisodes, qui survenaient 1 à 3 fois par semaine, la patiente disait ressentir « une bulle qui éclate ».

Des examens cliniques normaux

Après de multiples analyses, les équipes médicales n’ont rien trouvé d’anormal. Quelques jours plus tard, les crises sont devenues de plus en plus fréquentes, jusqu’à se déclencher plusieurs fois dans une même journée. IRM, bilan hormonal, examen sous anesthésie… les médecins envisagent tout, jusqu’à la simulation.

Les équipes suggèrent aux parents de fouiller la chambre de la jeune fille en quête d’indices. « Dans l’immédiat, son sac est vidé. On y découvre un kit d’auto-prélèvement capillaire alors qu’aucun membre de la famille n’est diabétique. Les parents émettent l’hypothèse que l’appareil appartienne à leur jeune voisine diabétique de type 1, amie de la patiente », détaillent les auteurs du rapport publié dans le Journal Français d’Ophtalmologie.

Suite à cette découverte, les doigts de la jeune patiente sont examinés et de multiples traces de piqûres y sont retrouvées. L’hypothèse de pathomimie (simulation consciente ou inconsciente d’une maladie, ndlr), dans le cadre d’un syndrome de Münchhausen, est alors confirmée. Elle se piquait afin de prélever au bout de ses doigts du sang qu'elle déposait ensuite près de ses yeux pour faire croire qu'elle saignait. 

Un an plus tard, et après un suivi psychiatrique, la jeune fille a été revue et n’a pas récidivé.