Reste à charge zéro en optique, les mutuelles, la fraude, la vente en ligne… Alain Afflelou répond sans détour aux questions des entrepreneurs. 

Interrogé sur le projet d'Emmanuel Macron de rembourser les lunettes à 100% d'ici 2022, l'opticien le plus célèbre de France estime qu’il s’agit à l'heure actuelle d’une "belle promesse électorale" et affiche ses doutes à nos confrères du Parisien : "On verra quand ce sera fait, mais je ne vois pas qui va payer. Les lunettes sont payantes pour l’opticien, qui les achète, fait un travail. Si elles deviennent gratuites pour le client, on le paiera en impôts, en cotisations pour les mutuelles… C’est facile de dire : ‘On va faire en sorte que vous n’ayez plus rien à payer.’ Mais après il faut y arriver…".

Autre sujet abordé : les mutuelles qu'il accuse de "racket". "J'ai démarré en m'endettant et en pariant sur la croissance (…). Mais au milieu des années 1970, on a vu arriver les premiers problèmes liés à la mutualité française. Ce sont des racketteurs ! Les mutuelles allaient voir les opticiens afin de les convaincre de pratiquer le tiers payant pour leurs adhérents contre un référencement auprès de l'assurance maladie".

Ainsi, Alain Afflelou a "décidé de payer les clients pour qu’ils viennent", proposant des montures à moitié prix dès 1978, une opération qui « a fait un tabac » jusqu’à « déclencher la franchise », presque 20 ans avant Tchin-Tchin.

Sur les dérives de l'optique, arrangements de factures, fraudes à la mutuelle…, Alain Afflelou répond sans ambiguïté : "Un coureur qui se dope ne fait pas de tous les coureurs des dopés. Quelques confrères ont fait n'importe quoi avec le soutien des mutuelles, qui fermaient les yeux. Je ne veux pas décrier le métier, mais il y a eu du n'importe quoi...Néanmoins, pour être corrompu, il faut être deux. Le client qui dit avoir le droit à 600 € de remboursement pour une lunette qui en vaut 200 euros, a parfois l'impression de perdre 400 euros... On a essayé d'empêcher nos franchisés de le faire mais c'est difficile, surtout si vous avez eu une journée sans client…".

Quid de la vente en ligne ? "Je n'y crois pas. Les gens ont besoin de toucher. On peut aller dans un magasin essayer telle paire et l'acheter sur Internet pour la payer moins cher, mais choisir une lunette que je n'ai pas vue…", conclut Alain Afflelou. 

Le chiffre d'affaires du groupe Afflelou clos le 31 juillet affiche 890 millions d'euros TTC avec 1476 magasins (+9,7%).