La Coordination Asyndicale des Professionnels de Santé (CAPS) organise le 2 décembre prochain à Paris (horaire et lieu encore inconnus), « un rassemblement de tous les professionnels de santé ». Pourquoi se mobilise-t-elle ? Quels sont ses objectifs ? Rencontre avec Irène Attié et Sophie Klein, chirurgiens-dentistes, coordinatrices des CAPS.

Acuité : Présentez-nous cette journée ?

Irène Attié : Nous sommes une coordination spontanée. Notre volonté : réunir les soignants au sens large du terme. Exprimer nos inquiétudes communes au sein de la grande famille médicale nous paraît très important.

Sophie Klein : Nos problématiques et celles de nos patients sont communes face aux effets délétères des dernières lois votées : la Loi Leroux favorisant les réseaux de soins, l'ANI (Accord national interprofessionnel) ou encore la Loi Santé de Marisol Touraine dont le tiers payant généralisé (la ministre de la Santé Agnès Buzyn a supprimé l’obligation de généralisation au 30 novembre pour des « problèmes techniques », ndlr).

A. Cette manifestation est-elle destinée à tous les professionnels ?

I.A : Oui, ces derniers ont en commun le fait de posséder une CPS (Carte professionnel de santé), l’équivalent de la carte vitale pour les patients. Grâce à cette carte, chaque professionnel peut télétransmettre les facturations des actes remboursables par l’Assurance maladie.

S. K : Sont également concernés : les autres professions indispensables au système de santé (auxiliaires de santé, prothésistes…) et nos patients bien conscients aujourd’hui des effets de l’application de ces lois.

A. Qui sont les organisateurs ?

I.A : Les ccdeli (Cellule de coordination des dentistes libéraux) sont à l’origine de ce mouvement de rassemblement. Ils ont été rejoints par les organismes tels que : So Corse, UFML-Asso, La Médecine Libre (LML), l'Association Diversité Proximité Mutualiste (ADPM) et la Fédération Diversité Proximité Mutualiste (FDPM).

S. K : Nous avions initialement choisi un samedi pour allier professionnels de santé et patients. De nombreux dentistes, très mobilisés au sein des ccdeli, seront présents à Paris le 2 décembre, dans le cadre du congrès annuel de l'Association Dentaire Française (ADF).

A. Quels sont vos objectifs ?

I.A : Alerter et informer l’ensemble des acteurs et des usagers de la santé sur les dérives du système. Certaines mutuelles soucieuses des principes mutualistes fondamentaux (liberté individuelle de choix, complémentaire santé et praticien) soutiennent le mouvement.

A. En quoi les opticiens peuvent-ils être intéressés ?

I.A : Les opticiens que nous avons contactés et rencontrés au Silmo 2017, du 6 au 9 octobre dernier, peuvent faire partager leurs expériences aux autres professionnels de santé. Ces derniers ont été les premiers à être confrontés de façon massive aux ‘réseaux de soins’. Les contrats d’adhésion sont dans un premier temps relativement acceptables. Mais, chaque année, les tarifs imposés ont baissé d’environ 10%, pour arriver en quelques années à 50% des tarifs initiaux.

La notion de « baisse tarifaire » imposée, en contrepartie d’une « augmentation de volumes », (proposée par ces réseaux), a des conséquences non négligeables. Le récent rapport de l’Igas explique d'ailleurs que : « les réseaux de soins opèrent une forte restriction de la liberté de choix et de prescription ».

S. K : Avec les chirurgiens-dentistes et les audioprothésistes, les opticiens sont par ailleurs, confrontés à la promesse du reste à charge zéro d'ici 2022.

A. Quelles actions peuvent-ils mettre en place en magasin ?

I.A : Nous impliquons les patients par distribution de « cartes dévitalisées ». Les opticiens peuvent télécharger les documents sur notre site Internet pour les distribuer aux clients. Informés, ils se joindront aux professionnels de santé, pour défendre leur liberté de choix, la qualité de leurs soins et dispositifs, et exiger les bonnes solutions pour parvenir à l’accès aux soins sur le territoire.

S.K : Chacun doit mobiliser son réseau. 600 000 détenteurs d'une CPS, ça en fait des praticiens et des patients ! « Agir c'est juste une question de décision ».

Et vous, avez-vous l’intention de participer à la « journée morte » du 2 décembre ? Répondez à notre sondage ci-dessous à droite.