Si les délais d’attente d’un rendez-vous chez un ophtalmologiste restent à 80 jours en moyenne, lors d’une conférence de presse vendredi 25 janvier, le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) a réaffirmé l’efficacité des solutions mises en place par les ophtalmologistes pour améliorer l’accès aux soins. Pour le syndicat, le travail aidé et les délégations de tâches, en particulier, ont permis de réduire les délais d’attente de rendez-vous et valident l’objectif affiché depuis 2017 de « Zéro délai à horizon 2022»... Pourtant, le Snof demande toujours aux pouvoirs publics la création de 240 postes d’ophtalmologistes par an et une accélération de la création de cabinets secondaires.

Une baisse démographique jugulée ?

Thierry Bour, président du Snof, a dénoncé les conclusions du dernier rapport de la Cour des comptes qui pointe les difficultés non résolues d’accès aux soins dans de nombreux départements et préconise d’accroître l’offre de soins visuels de premier recours en élargissant le champ de compétences des orthoptistes et des opticiens. Le Snof met en avant, au contraire, un raccourcissement des délais depuis un an : « Malgré une explosion des besoins en matière de soins visuels, les derniers indicateurs publiés par la Drees en 2018 révèlent que les délais d’attente ont « chuté » à 80 jours », déclare Thierry Bour. Un recul à relativiser cependant : pour rappel, les délais d’attente moyens étaient de 87 jours en 2017 et selon une étude réalisée à l’automne dernier pour l’AOF près de 60 % des ophtalmologistes restent inaccessibles à un nouveau patient. Pour le président du Snof, l’amélioration des délais s’est faite « grâce à la mise en place du travail aidé, qui se déploie rapidement, associé à l’implication des ophtalmologistes de plus de 65 ans et à l’arrivée de 80 nouveaux praticiens étrangers par an, en moyenne ». Actuellement 1 500 ophtalmologistes de plus de 65 ans continuent de travailler, ce qui, selon le Snof, compenserait en partie les départs à la retraite (42% des praticiens ont plus de 60 ans, selon les chiffres 2018 de la Drees). « Les départs en retraite des ophtalmologistes vont baisser rapidement après 2024 », affirme Thierry Bour qui conteste également la baisse de 16% des effectifs en 2030 annoncée par une étude de la Drees « basée sur les données de 2015 ».

Le renouvellement chez l’opticien : une alternative nécessaire

Le président du Snof reconnaît, toutefois, la nécessité des solutions alternatives intégrant les opticiens : « Le nombre de renouvellements de lunettes directement chez l’opticien, qui représenterait aujourd’hui 10 à 15% des équipements, devrait croître avec l’entrée en vigueur effective du décret Opticiens d’octobre 2016 et avec la cotation de la réfraction chez l’opticien dès 2020 (prestation d’examen de vue au prix limite de vente 10 euros prévu par la réforme 100% Santé). Ces renouvellements pourraient atteindre 2,5 millions. »

Mais tous ces dispositifs mis en place suffiront-ils à réduire définitivement et rapidement les délais d’attente et, surtout, les disparités géographiques dans l’accès aux soins ? Le Snof semble lui-même en douter. Il juge en effet impératif de former 240 ophtalmologistes par an (contre 155 postes attribués à l’ECN en 2018) et d’accélérer la création de cabinets secondaires fonctionnant avec rotation des ophtalmologistes et protocoles organisationnels.