Les délais de rendez-vous chez l’ophtalmologiste ont-ils baissé depuis 2 ans de manière significative ? C’est en tout cas ce que conclut une enquête réalisée par l’institut CSA auprès d’un échantillon de 2 000 ophtalmologistes par des appels mystères (soit environ la moitié de l’effectif total en France) pour le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof). Les délais médians (50% des patients) de rendez-vous s’élèvent à 43 jours pour un contrôle périodique. Et à 10 jours en cas d’apparitions de nouveaux symptômes. Cependant, les échecs de rendez-vous restent pour le moins importants : 36% pour un contrôle périodique et 49% pour l’apparition de symptômes.

Délai médian par région pour obtenir un rendez-vous

Dans le cas d’un contrôle périodique d’un nouveau patient, le délai médian serait de 25 à 30 jours en Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Et de 31 à 60 jours en Hauts-de-France, Grand Est, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine. Étonnamment, c’est en Normandie et en Bretagne qu’il est le plus long (91 à 135 jours). Des résultats qui « nécessitent une étude complémentaire », selon le Dr. Thierry Bour, président du Snof.

Autre surprise : en Hauts-de France, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes, le délai médian est le plus faible (4 à 7 jours) dans le cas d’apparition de symptômes. A l’inverse, il est de 22 à 27 jours en Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté.

Les chiffres donnés par cette étude CSA sont très inférieurs aux 66 jours de délais médians annoncés par l’enquête publiée par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) en octobre 2018 (sur la base de résultats 2016-2017).

Des résultats dont se félicite le Dr Thierry Bour : « Les délais de rendez-vous en ophtalmologie se sont nettement réduits, avec une accélération ces dernières années. C’est la preuve que les mesures que nous déployons fonctionnent et cela sans risque de démédicalisation : développement rapide du travail aidé, décrets des orthoptistes et opticiens de 2016, protocoles organisationnels... ».

Les 2 études reposent cependant sur des méthodologies différentes (questionnaire auprès de 10 000 patients et étude réalisée sur 16 départements pour la Drees) et il faudrait attendre une 2e enquête CSA fondée sur la même méthodologie pour mesurer avec plus de précision la réalité de la baisse.

Une réduction qui devrait se poursuivre, selon le Dr Thierry Bour, « avec l’ouverture de cabinets secondaires, favorisée par l’évolution réglementaire récente sur les sites multiples qui ne nécessitent plus qu’une déclaration préalable et la prise de rendez-vous en ligne... Nous demandons aux pouvoirs publics de garder ce cap en prenant des mesures cohérentes avec notre plan ».

Objectif « zéro délai en 2022 »

Pour obtenir le « zéro délai en 2022 », les efforts doivent être mis sur la démographie des ophtalmologistes. A ce titre, le Snof insiste sur la nécessité d’ouvrir 240 postes d’ophtalmologistes par an. Le développement des stages d’internes en libéral renforcera la formation pratique des praticiens au plus près des besoins.

En complément, le syndicat définit 4 priorités pour les deux ans à venir :

  • poursuivre le développement de l’équipe de soins autour de l’ophtalmologiste
  • développer les cabinets secondaires pour un meilleur maillage territorial, en y associant la télémédecine et les orthoptistes ;
  • créer des plages de rendez-vous à délais courts, notamment grâce aux logiciels de RDV en ligne ;
  • renforcer le renouvellement des équipements optiques chez l’opticien, sous réserve d’un vrai échange d’information en retour et du respect du cadre de cette délégation.