Et si les médecins n’échappaient pas au conventionnement sélectif dans les zones considérées comme « surdotées » ? Dans notre secteur, cela permettrait de réguler l’installation des ophtalmologistes pour les contraindre à choisir les zones de déserts médicaux. C’est en tout cas la volonté de la Commission de l’Aménagement du territoire et du Développement durable du Sénat. Ses membres ont ainsi adopté à l’unanimité un article additionnel au projet de loi Santé (après l’article 12 TER sur les déserts médicaux), en se basant sur le principe d’« une installation pour un départ » dans les zones surmédicalisées.

Pour mémoire, et comme nous l’avions confirmé dans notre enquête sur les délais d’attentes*, obtenir un rendez-vous en ophtalmologie peut s’avérer très long. Dans des agglomérations de taille moyenne comme Montpellier et Bordeaux, il faut compter respectivement 2 et 3 semaines. Pire, dans les petites villes comme Montbéliard et Charleville-Mézières, un patient doit attendre respectivement 6 et 18 mois. A contrario à Paris, les délais sont sans surprise les plus courts.

La commission explique que « pour la plupart des professions de santé (infirmiers, sages-femmes, orthophonistes et chirurgiens-dentistes), le conventionnement sélectif a déjà été mis en œuvre. De son côté, le sénateur de l’Eure Hervé Maurey (UDI-UC) a fait savoir que « les dispositifs de conventionnement sélectif ont largement fait leurs preuves ». Et de poursuivre : « Si on ne le fait pas, il y aura un jour des drames de santé publique. Le but, ce n’est pas de satisfaire les médecins mais l’intérêt général. Il est temps d’arrêter les mesurettes et d’aller plus loin... ».

Si la Commission de l’Aménagement du territoire et du Développement durable soutient cette mesure, il n’est pas certain qu’elle obtienne la majorité au Sénat. Il faut savoir notamment que Marisol Touraine devrait s’y opposer lors de l’examen du texte en séance publique à la rentrée parlementaire.

* 22 cabinets d’ophtalmologie en France ont été interrogés