Tout porte à croire que l’UFC-Que Choisir à trouver une nouvelle cible. Après avoir dénoncé pendant plusieurs mois « le prix exorbitant des lunettes et les marges des opticiens », l’association s’en prend désormais aux audioprothésistes. Dans une étude, elle explique que 2,1 millions de malentendants français renoncent à s’équiper en raison des prix trop élevés des prothèses auditives. La raison ? Le prix moyen d’un appareil est de 1 550 euros, soit 3 100 euros pour équiper les deux oreilles. Le patient doit ainsi débourser 1 099 euros, sachant que la Sécurité sociale ne prend en charge que 120 euros et la complémentaire 330 en moyenne. Un reste à charge jugé « intolérable », pour le président de l'UFC-Que Choisir Alain Bazot.

Une marge bien supérieure à celle de l'optique

Pour l’UFC-Que Choisir, les audioprothésistes « ont le monopole de la distribution des audioprothèses » en raison de la pénurie en France*. Ils revendent les appareils 4,5 fois leur prix d’achat (327 euros) et réalisent ainsi une marge nette de 15 à 18% (contre 10% dans l'optique).

«  Nous vendons aussi notre temps »

Pour défendre les tarifs appliqués, les praticiens mettent en avant les prestations qui accompagnent la vente. Le prix inclut 10 heures de travail (15 heures lorsque les 2 oreilles sont équipées) en prenant en compte la phase d'adaptation des premiers mois et le suivi sur toute la durée de vie de l'appareil. « Nous vendons aussi notre temps », fait savoir Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) qui estime que les tarifs pratiqués en France « ne sont pas plus élevés qu'ailleurs ». « Nous sommes même dans la moyenne basse européenne », renchérit-il, en soulignant que la profession a consenti des efforts financiers pour les bénéficiaires de la CMU. Luis Godinho rappelle également que le tarif de remboursement par la Sécurité sociale de 120 euros n'a pas été revalorisé depuis 1986. « En Allemagne, la prise en charge par la Sécurité sociale est 7 fois supérieures à celle en France », conclut-il.
* Ils sont aujourd’hui 3 091 alors qu’ils devraient être 7 150, selon l’association