Le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, ont présenté hier, 13 février, un plan global pour réformer notre système de santé. Si le programme reste délibérément flou afin de laisser libre champ aux acteurs qui travailleront sur le dossier de mars à mai, il donne davantage de cohérence à des réformes annoncées les unes indépendamment des autres. Regroupés sous le nom de « stratégie de transformation du système de santé », 5 grands chantiers ont été définis : 

  • la qualité et la pertinence des soins ;
  • les modes de financement et les rémunérations ;
  • le numérique ;
  • la formation ;
  • l’organisation territoriale.

Le dossier s'attèle à repenser dans sa globalité l'accès au soins mais déjà plusieurs points touchent notre secteur, concordant avec la mise en place du "RAC 0" en optique.

Le Gouvernement souhaite notamment la transformation des modes de rémunération des professionnels de santé, estimant que les financements actuels sont très cloisonnés et n’incitent pas à la coopération. "L’enjeu n’est pas de supprimer la tarification à l’activité, mais de la corriger, de la rééquilibrer, afin d’y intégrer des objectifs plus collectifs, de mieux refléter l’état de santé de la population, et de mieux tenir compte de la prévention et de la qualité des soins", explique le ministère. Rappelons que dans le cadre du "Rac 0", les syndicats sont appelés à repenser la filière de santé visuelle pour faciliter l'accès aux soins. Ils ont en ce sens imaginé de nouveaux modes de rémunération pour les opticiens, intégrant une prise en charge de la prestation fournie en magasin. Les travaux ont été rendus fin janvier à la Direction de la Sécurité Sociale (DSS) et les premiers retours sont attendus pour avril prochain.

Deuxième point : le développement du numérique en santé. Le Gouvernement souhaite accélérer le développement de ces technologies qui "représentent une vraie opportunité d’améliorer la qualité des soins pour le patient et le quotidien des professionnels grâce aux changements d’organisation". Outre la dématérialisation de l’intégralité des prescriptions à 2022, il souhaite l’accessibilité en ligne, pour chaque patient, de l’ensemble de ses données médicales et la simplification effective du partage de l’information entre tous les professionnels de santé. De quoi faciliter les délégations de tâches et la communication entre les "3 O" dans la filière de santé visuelle.

Ce chantier passera notamment par le développement du Dossier Médical Partagé (DMP), dont le déploiement généralisé doit commencer en 2018, précise le ministère. Aussi, une mission « E-santé » sera créée, et placée auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé. Elle sera issue du regroupement de l’ensemble des différentes instances actuellement existantes au sein du ministère (Délégation à la stratégie des systèmes d’information de santé et l’ASIP Santé).

Place donc à 3 mois de concertation (territoriale et nationale) de mars à mai 2018. Quant au financement de la transformation de notre système de santé, 100 millions d'euros y seront annuellement alloués en plus de l'Ondam (objectif national de dépenses d'assurance-maladie). Objectif : mettre fin « au temps des rafistolages ».