En juin dernier, lors de son discours au Congrès de la Mutualité Française, Emmanuel Macron s'est déclaré en faveur du renforcement de la prévention chez les plus jeunes. Il a notamment annoncé l'instauration de trois nouvelles consultations de dépistage des troubles visuels des enfants prises en charge par le médecin scolaire ou traitant. « Parfait, mais comment y parvenir dans un contexte où les médecins généralistes, débordés dans certaines zones, absents dans d'autres, ne peuvent plus assumer de mission autre que curative. Quant à la médecine scolaire, elle se trouve en situation très délicate », s’interroge l'Association nationale pour l'amélioration de la vue (Asnav).

Dans un rapport publié en octobre 2017, l'Académie de Médecine dénonçait la diminution constante des effectifs de médecins de l'éducation nationale. Ils sont passés de 1 400 en 2006 à 1 000 en 2016. L'une des conséquences de ce manque d'effectifs concerne particulièrement la visite médicale « obligatoire » effectuée à l'âge de 6 ans. Selon l'éducation nationale, seuls 71 % des enfants en bénéficieraient mais en réalité, pour l'Académie de Médecine, les chiffres varient de 0 à 90 % selon les départements. « Or, c'est justement à cet âge, voire même plus tôt, que se dépistent les troubles visuels qui peuvent impacter la scolarité de l'élève », poursuit l’Association. Plus inquiétant, selon le baromètre annuel de la santé visuelle de l’Asnav*, 7 % des 16-24 ans, soit 500 000 jeunes, ont répondu n’avoir jamais testé leur vue.

Dans le même discours du 13 juin dernier, Emmanuel Macron affirmait que « …la capacité à être équipé de lunettes est l'une des premières causes du mauvais apprentissage et de l'illettrisme en fin de primaire… ». « Depuis plus de 30 ans, l'Asnav attire l'attention des pouvoirs publics sur ce sujet sans toujours être entendue et se réjouit aujourd'hui que ce constat soit établi par le président de la République lui-même. D'autant qu'il y a urgence, car les conséquences de l'évolution des comportements sont à présent très concrètes. La relation entre le temps passé sur les écrans, et plus généralement en vision de près, et l'augmentation des symptômes de myopie et de fatigue visuelle est de plus en plus soulignée par des études », ajoute l’Association. 

Quelles que soient les mesures qui seront prises pour renforcer la prévention des troubles de la vision des enfants, l'Asnav, et l'ensemble des professionnels de la vue qu'elle représente, « est prête à s'engager dans cette mission de santé publique ».

Quelques conseils à rappeler aux parents :

  • Idéalement, faire contrôler la vue de son enfant chez l'ophtalmologiste avant l'âge de 3 ans, surtout s'il existe des antécédents familiaux.
  • Un dépistage visuel est prévu lors de la visite médicale scolaire entre 5 et 6 ans. Si tel n'est pas le cas, prévoir une consultation ophtalmologique à l'entrée à l'école primaire.
  • Lors des premiers apprentissages, observer le comportement de son enfant : s'il lit le nez dans son livre, s'il tourne légèrement la tête pour regarder de biais, s'il confond certaines lettres comme le H et le N ou le B et le P, s'il est agité, déconcentré ou s'il se plaint de maux de tête en fin de journée, ne pas hésiter à le faire consulter.
  • Limiter le temps d'utilisation des écrans en instaurant des phases de repos durant lesquelles l'enfant devra changer d'activité pour obliger ses yeux à regarder au loin.

*baromètre de la santé visuelle 2018 – OpinionWay pour l'Asnav