Après avoir envoyé une lettre à Emmanuel Macron, restée sans réponse, 35 ophtalmologistes français ont décidé de rendre leur message public. Inquiets d'avoir constaté un « nombre inédit de contusions oculaires graves », ils demandent au président de la République un « moratoire » sur l'utilisation de lanceurs de balles de défense (LBD), lors des manifestations.

« Une telle ‘épidémie’ de blessures oculaires gravissimes ne s’est jamais rencontrée », affirment les médecins dans un courrier dévoilé par le JDD. Et de poursuivre : « nous, ophtalmologistes dont la profession est de prévenir et guérir les pathologies oculaires demandons instamment un moratoire dans l’utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l’ordre ».

Une démarche « de médecins, purement humaniste »

Selon les praticiens, « les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience. Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations ».

Dans cette lettre, les ophtalmologistes expliquent également que leur démarche « est uniquement celle de médecins, purement humaniste, avec pour seul but d'éviter d'autres mutilations ».

20 personnes éborgnées

En lien avec la Société française d'ophtalmologie, les praticiens ont mis en place une cellule de veille sur les blessures liées aux LBD et ont recensé une vingtaine de cas de personnes ayant perdu un œil. Selon le gouvernement, plus de 13 000 tirs de LBD ont été enregistrés. Au total, 2 200 personnes ont été blessées et 83 enquêtes ont été ouvertes.