Après le projet de loi Santé adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, Marisol Touraine entame un nouveau chantier. Lors d’un discours sur les 70 ans de la Sécurité sociale, la ministre de la Santé a lancé une réflexion sur la création d’un « régime maladie universel » afin de simplifier « radicalement la couverture des soins pour tous ». ​« Exonération de cotisations et compensation », « place des mutuelles », « financement par l’impôt » : « beaucoup de questions se posent ». Le débat « n’est pas forcément très simple » mais « nous devons le faire avec des principes réaffirmés et assumés », a également expliqué Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget.

« Un régime maladie universel à terme »

« Pour sécuriser les droits sociaux par-delà les parcours professionnels, je souhaite proposer une simplification radicale de la couverture des soins », a déclaré Marisol Touraine. Mais de quelle manière ? En engageant « une réflexion qui doit pouvoir déboucher sur un régime maladie universel à terme ». Et d’ajouter : « Il ne remettra pas en cause la pluralité des organismes gestionnaires ». L’idée est qu' « une caisse reste l’interlocuteur » de l’assuré « tout au long de sa vie », « quel que soit son lieu de résidence » et « par delà les changements qu’il peut être amené à rencontrer », a-t-elle défendu.

Pour la ministre de la Santé, « on a un goût immodéré pour les acronymes », et « on s’y perd un peu » entre les Carsat, Urssaf, RSA, MSA ou autres caisses, alors même que l’ensemble de ces sigles appartient à « la famille commune » de la Sécurité sociale. En conséquence, elle va « donc demander aux caisses nationales de faire des propositions pour que ressorte mieux cette appartenance ».

Le principe de solidarité réaffirmé

Et alors que certains craignent une privatisation du système de santé, la ministre a réaffirmé le principe de solidarité de la Sécurité sociale. Les Français y sont d’ailleurs très attachés et, pour sauvegarder ses valeurs, prônent une baisse des cotisations des complémentaires santé. D’après un récent sondage*, 62% se déclarent favorables au remboursement systématique par la Sécurité sociale de tous les soins à au moins 80% et même 100% au-delà d’un certain plafond de dépenses élevées restant à la charge du malade.

« La Sécu, qui assure la couverture des maladies, retraites, accidents du travail, mais aussi les prestations familiales, n’est pas qu' « un trou à boucher », c’est la garantie d’une protection quelle que soit sa situation familiale ou professionnelle », a insisté Marisol Touraine. « Alors que certains remettent aujourd’hui en cause cette idée fondatrice en prônant l’affiliation facultative ou en parlant d’assistanat », la solidarité est « un principe fondateur » qui « n’est pas négociable » et constitue « le meilleur rempart à la dislocation », a-t-elle conclu.

*Sondage Odoxa réalisé pour France Inter, Le Figaro et la MNH auprès de 1 055 Français interrogés par internet les 2 et 3 avril 2015.