Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens s'oppose à la vente de médicaments en ligne et entend encadrer strictement le développement des sites. "Internet, pour nous, c'est la jungle", a déclaré hier Isabelle Adenot, sa présidente, lors d'une conférence de presse. Une jurisprudence européenne, l'arrêt DocMorris, autorise depuis 2003 la vente en ligne de 260 médicaments, disponibles en libre accès dans les officines. La position de l'Ordre rejoint celle de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'officine, opposée à tout commerce sur Internet.

L'Ordre des pharmaciens demande plus largement que les nouvelles technologies soient inscrites dans le code de santé publique. "Internet est partout dans notre vie, mais n'est nulle part dans le code de santé publique", a souligné Isabelle Adenot, qui s'est félicitée que le ministère de la Santé ait ouvert un débat "beaucoup plus large que la vente de médicaments". L'Ordre souhaite également que tout site web soit rattaché à une officine "de briques et de mortier" et fasse l'objet d'une déclaration obligatoire. Un portail d'accès recensera les sites dûment enregistrés.

Sur le contenu des sites, l'Ordre se montre prudent. "Oui à toute information, mais pas à la vente de médicaments", a indiqué sa présidente. Et de citer le problème de la livraison dans le respect de la chaîne du médicament, l'absence de conseils ou les possibles contrefaçons. "L'internaute n'arrive pas à se repérer dans cette foire médiévale des temps modernes où n'importe qui peut faire n'importe quoi", a-t-elle déploré.

Le ministère de la Santé a entamé des discussions pour mettre la législation française en accord avec la jurisprudence européenne. Une première réunion s'est tenue le 7 avril dernier en présence des syndicats d'officines, de l'Ordre des pharmaciens, de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), de l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) et du syndicat de laboratoires Leem (Les entreprises du médicament). Une nouvelle réunion est prévue le 10 juin.