Après la réunion du 2 février à la Tour du Pin (38), les opticiens grenoblois poursuivent leur mobilisation au travers de réunions locales. Les premières se sont déroulées ces deux derniers jeudis à Grenoble où 110 professionnels étaient présents. « Chaque opticien qu'il soit indépendant ou sous enseigne a pu exprimer librement et échanger avec ses confrères, ce qui était jusqu'à maintenant illusoire », se réjouit à acuite.fr Charles Lachkar, gérant d’Optique Horizon à Echirolles. « Les mutuelles ont joué sur nos peurs en s'imposant dans nos entreprises. La donne est peut-être en train de changer depuis que la Savoie et la Corse nous ont ouvert à le chemin », explique-t-il.

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110 professionnels étaient présents à Grenoble

Gwenaël Cadoux, opticien à Chambéry (73), explique l’objectif de ces réunions : « Le but est de réunir les opticiens d’une même zone, de leur exposer des pistes, pour qu’ils arrivent à s’organiser contre les réseaux de soins. Ils doivent être dans une démarche active pour que s’installent de la confiance et des échanges».

« Ma façon d'exercer mon métier a été remise en cause »

De son côté, Marc-Olivier, opticien à Fontaine (38) travaille avec les réseaux Optystia et Kalivia. Cet opticien indépendant depuis 18 ans ressort satisfait de ces rassemblements : « Je n'ai rencontré que des opticiens motivés, des liens se sont créés, nous avons pu partager nos inquiétudes et j'ai été, pour ma part, rassuré de ne plus me sentir seul ». Jusqu'à aujourd'hui, le manque d'informations et de communication avec les autres confrères ainsi que l'inquiétude de voir ses clients se diriger vers les grandes enseignes l'ont « conduit à signer des conventions avec les complémentaires santé ». Une décision que Marc-Olivier regrette : « Hormis l'aspect économique et financier désastreux qu'engendre la signature d'un réseau, c'est ma façon d'exercer qui a été remise en cause. Pour moi, il est inacceptable de devoir proposer un produit au patient en fonction de son réseau et non en rapport avec ses besoins, selon mon analyse professionnelle et ma liberté de choix des équipements ». 

Les conséquences de la présence dans les réseaux de soins

Chiffres à l'appui, cet opticien remet en cause les bénéfices de sa collaboration avec les réseaux : « perte de chiffre d'affaires et de marge de 20% minimum, aucun apport de nouveaux clients, fin de la liberté de choix des produits et transmission des mesures du client, lui permettant à terme de ne plus passer par l'opticien pour l'achat de ses lunettes mais directement par le réseau ». 

Un sentiment d'inquiétude partagé par sa consœur Marie-Laure Aubert Saquet, opticienne pour Charline Optic. Elle dénonce le contexte actuel qui s'attache à « satisfaire la croissance économique d'un système de réseaux de soins et empêche les opticiens d'exercer librement leur métier ». « Je refuse de cautionner l'énième manipulation médiatique de l'opinion publique, sous prétexte de maîtriser des dépenses de santé, qui consistent à faire passer la santé visuelle, dentaire et auditive dans la catégorie part de marché », ajoute Marie-Laure Aubert Saquet. 

Les opticiens de Grenoble espèrent que la solidarité affichée lors de ces réunions va inciter « les professionnels à prendre le temps de la réflexion pour sortir des réseaux de soins et pérenniser leur métier ».