En 2010, la Direction de la Sécurité sociale (DSS) a confié au cabinet de conseil indépendant Alcimed une étude sur « l'analyse économique du secteur des appareillages optiques et auditifs ». Son objectif : « documenter de façon détaillée le partage de la valeur et la rentabilité des différentes parties de la chaîne (fabrication et distribution), le prix de revient de ces appareillages, en distinguant notamment le coût des produits de celui des prestations associées (celles de l'opticien ou de l'audioprothésiste), mais aussi les différents postes de coûts (marges, charges de fabrication, distribution, commercialisation, dépenses de promotion...), et l'évolution de la structuration du réseau de distribution ». Cette enquête fait suite à un rapport publié en 2008 par le Haut Comité pour l'avenir de l'Assurance maladie, selon lequel les marchés optique et audio conjuguent « un haut niveau de prix, des rentes de situation, une sous-productivité de l'appareil de distribution et parfois des pratiques commerciales abusives ».

Les acteurs du marché attendent la version finale

Pour son enquête, Alcimed a interrogé les différents acteurs du marché : verriers, lunetiers, enseignes, centrales, complémentaires santé... Ses premiers résultats ont été présentés il y a quelques semaines aux protagonistes de la filière et à des membres du Ministère de la santé. Selon nos informations, l'étude dresse un panorama complet de la répartition des marges dans le secteur. Le cabinet a mis en exergue leur importance dans certains cas, chez les opticiens, mais aussi chez les fabricants. Ces données, dont le détail reste pour l'heure confidentiel, ont suscité de vives réactions parmi les représentants de la filière. Le document final, censé prendre en compte les remarques qu'ils ont formulées, n'a pas encore été transmis aux acteurs concernés.

Des conséquences encore inconnues

Au-delà du contenu de l'étude se pose la question de l'utilisation de ses résultats. Le Ministère de la Santé pourrait s'en servir pour modifier la prise en charge des équipements optiques et des audioprothèses par la Sécurité sociale. Deux scenarios sont possibles : une revalorisation du remboursement, ou à l'inverse un nouveau désengagement de l'Assurance maladie sur ces produits. Au vu des stratégies gouvernementales en termes de dépenses de santé, la seconde hypothèse nous semble plus probable... Au-delà de l'aspect tarifaire, les autorités pourraient aussi utiliser l'enquête d'Alcimed pour changer la réglementation relative au secteur. Nous reviendrons sur cette information dès que de nouveaux éléments seront disponibles.