Alors qu'une grève illimitée est en préparation chez les médecins spécialistes libéraux et les chirurgiens à compter du 12 novembre, le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) incite les ophtalmologistes à « se mobiliser pour l'avenir de la médecine libérale ». Dans un communiqué, le syndicat appelle « à la grève et lance un appel aux dons » pour soutenir les internes grévistes et financer une campagne d'information « destinée à lutter contre les idées reçues ».

« Oui à une prise en charge des soins oculaires de qualité »

Dans l'objectif de « promouvoir une médecine ophtalmologique de qualité » accessible à l'ensemble des Français, le Snof remet en cause trois faits majeurs :

-Au sujet de la proposition de loi n°296, déposée à l'Assemblée nationale le 16 octobre, visant à autoriser les mutuelles à pratiquer les remboursements différenciés (lire notre news de ce matin pour plus détails), le Snof se positionne contre « la privatisation de l'Assurance maladie. Les mutuelles tentent de mettre en place des « réseaux de soins » : elles veulent pouvoir rembourser différemment leurs adhérents selon qu'ils vont voir un ophtalmologiste affilié ou pas. Elles veulent aussi intervenir sur le tarif de base de la sécurité sociale ».
-Alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, déclarait récemment envisager de confier « certains examens très précis » aux opticiens et aux orthoptistes, le syndicat dit « non à l'optométrie ». Selon lui, « il faut préserver la séparation entre prescription et vente. La santé des patients doit primer sur les velléités commerciales de certains opticiens et des assurances privées ».
-Enfin, « l'accord signé le 23 octobre par les syndicats majoritaires a permis de sauver temporairement le secteur 2, mais les médecins secteur 1 voient leurs honoraires bloqués et se retrouvent sans perspective d'évolution. Ainsi, le nouvel avenant ne propose rien pour compenser nos augmentations tendancielles de charges, à part le fait de travailler toujours plus », argumente le syndicat qui dit « non à la dévalorisation systématique de l'ophtalmologie ».

Malgré leur mécontentement, peu d'ophtalmologistes devraient suivre le mouvement

« Nous souhaitions que ces négociations soient l'occasion de faire apparaître les conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles nous exerçons. Suite à cet appel, les réactions sont disparates. Les ophtalmologistes sont partagés car cela pénalise d'abord les patients, nous a expliqué le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof. Les rendez-vous ne peuvent pas être décalés. A mon avis, ils ne seront qu'une minorité à suivre le mouvement. Mais il faut noter qu'une grande majorité souhaite exprimer son mécontentement. Certainement que certains d'entre eux se joindront aux manifestations prévues à Paris le 14 novembre » contre l'accord conventionnel encadrant les dépassements d'honoraires.