Frédéric Narassiguin, opticien de l’année 2016 et vice-président du syndicat des opticiens de la Réunion, a organisé le week-end dernier le premier colloque de la santé visuelle dans l’Océan Indien. Notre correspond local Marc Dubourg, opticien, était présent à cet évènement. 

Après une allocution d’ouverture de Frédéric Narassiguin, le Dr. Thierry Bour, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) a pris la parole pour revenir sur les enjeux de la Santé visuelle en France.

Il a mentionné quelques chiffres : la profession d’ophtalmologie est la 3e spécialité médicale la plus consultée. Entre 2005 et 2015, l’activité de chaque praticien a augmenté de 48%. Cette hausse due au vieillissement de la population devrait s’accentuer. En 2070, 10 millions de nouveaux retraités entraîneront plus de pathologies, d’actes et d’équipements optiques. Face au manque d’ophtalmologistes, 906 ont plus de 65 ans, des mesures tendent à être mises en place, notamment la possibilité d’accueillir les internes en stage chez les praticiens libéraux afin de valider des semestres (création entre 175 et 225 places d’internes).

Instaurer un numerus clausus

Le Dr. Thierry Bour a également évoqué la délégation aux orthoptistes (ils seront plus de 2 600 en 2025), et aux opticiens. « Il y a trop de magasins d’optique et 34 000 diplômés. La priorité pour 2017-2022 est de rééquilibrer les effectifs de prescripteurs, requalifier le BTS OL, et instaurer un numerus clausus », a déclaré le président du Snof.

Dans un deuxième temps, les intervenants ont fait l’état des lieux de l’ophtalmologie dans l’Océan Indien et évoqué les perspectives de l’accès à la santé visuelle à la Réunion.

40% de la population porte des équipements optiques

Pour le Dr. Frédéric Villeroy, ophtalmologiste, « la réunion n’est pas un désert médical (50 ophtalmologistes), mais il y a moins de porteurs de lunettes qu’en métropole ». En effet, seulement 40% de la population porte des équipements optiques, c’est inférieur à la moyenne nationale. Pourquoi ? Les besoins sont moins importants qu’en France, un tiers des Réunionnais ont moins de 20 ans et les pathologies sont différentes de la métropole. Par contre, le diabète est 4 fois plus important, 15,8% de la population en est atteinte et 34,6% ont une prévalence pour la rétinopathie diabétique.

Délégation aux orthoptistes

A la réunion, la profession d’ophtalmologie est vieillissante et 27 8000 verres sont prescrits par an dont 21 000 par des médecins généralistes (environ 7%). Toutefois, le Dr. François Rahmani, ophtalmologiste, s’oppose à la possibilité que les médecins généralistes puissent pratiquer la réfraction et prescrire des lunettes. « Ce n’est pas dans leur compétence », a-t-il martelé durant le colloque. Son souhait : la délégation de la réfraction aux orthoptistes (57 actuellement à la Réunion, 39 en libéral et 18 en salariés en structure hospitalière et cabinets d’ophtalmologistes).

« Une interaction constructive entre les 3 O »

Le problème de l'isolement est présent. 20% de la population n'a pas la possibilité d’accéder au parcours de soins (isolement physique, isolement géographique). La recherche sur les maladies chroniques, notamment le diabète ainsi que l’innovation sur le dépistage chez l’enfant sont des sujets évoqués pour améliorer l’accès à la santé visuelle.

Les Dr. Rasoavelonoro Violette et Dr. Barbé Roland, ophtalmologistes, ont pour leur part évoqué la situation à Madagascar et aux Seychelles.

Tout l’Océan Indien était représenté et ce colloque a permis de mieux comprendre les enjeux et les priorités à venir pour la santé visuelle des Français.

« Le débat a été riche avec une interaction constructive entre les 3 O. A moyen terme, un autre colloque pourrait être organisé à la Réunion », a conclu Frédéric Narassiguin.