Depuis la violente nuit du 14 mai, des émeutes ont eu lieu en Nouvelle-Calédonie, menées par les indépendantistes Kanaks qui exigent le retrait d'une réforme constitutionnelle voulue par Paris. Six personnes sont décédées, dont deux gendarmes, et les dégâts matériels sont considérables.

Nous avons contacté plusieurs confrères opticiens pour savoir comment ils vivaient la situation.

 

Anne-Sophie Angèle est gérante de 3 magasins, dont 1 Générale d’Optique à Nouméa. Ce dernier a été totalement incendié il y a 10 jours. « Il a été pillé, saccagé, brûlé. Notre activité est totalement à l'arrêt et le restera tant que nous n'avons pas de garanties pour notre sécurité. Je refuse de faire prendre des risques à mes collaborateurs et à mes clients. Moins on prend de risque, mieux c’est. Même si on sent une accalmie, certains quartiers restent dangereux : il y a encore eu des incendies aujourd'hui dans certaines zones industrielles et commerciales ».

Sa seule activité d'opticienne, c'est la livraison d'équipements urgents avec des corrections optiques très importantes. Impossible de laisser ces clients sans lunettes ou sans lentilles.

 

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Le magasin Générale d'Optique à Nouméa complètement incendié

 

Malgré la situation très tendue et la perte d'un de ses magasins, Anne-Sophie reste optimiste. « Peut-être qu'avec la venue du président j'ouvrirais quelques heures par jour. Mais à l'heure actuelle, ce n'est pas envisageable. Je pense tout de même que ça peut revenir à la normale si tout le monde y met du sien, ça pourrait être même mieux qu’avant, parce qu’il y aura de la compréhension et de la solidarité entre les habitants ».

 

Tous les commerçants ont dû fermer

 

Un peu plus loin à Nouméa, c'est le magasin Optic Belle Vie qui a dû fermer ses portes, bien qu'il aurait été possible de passer par la vitrine brisée. Son propriétaire, Fabien Delefosse, a retrouvé un matin son magasin saccagé et pillé.

 

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L'entrée du magasin Optic Belle Vue

 

"Ils ont pris un fond de caisse de 300 euros, quelques ordinateurs portables et tablettes, une quarantaine de montures sans grande valeur. Depuis une semaine, on ouvre seulement le matin pour des urgences ou des réparations. Tous les confrères sont dans la même situation, et l'activité devrait reprendre petit à petit ces prochains jours. Les opticiens n'étaient pas les plus touchés : magasins d'alcool, de sport, de téléphonie, de mobilier...il reste aujourd'hui des quartiers où c'est très tendu. Les forces de l'ordre peinent à dégager la route qui sépare la capitale de l'aéroport : sur 60km, les barricades qui sont démontées sont redressées quelques heures plus tard un peu plus loin.

 

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Les opticiens de l'île ont l'habitude d'avoir des stocks importants de montures et de verres. Fabien, lui, a son propre laboratoire de surfaçage et de traitement, et il ne craint pas les pénuries en optique-lunetterie. En revanche, il ne croit pas vraiment à ce que la situation puisse être améliorée définitivement. Selon lui, de nouvelles violences à l'avenir ne sont pas à exclure.