Suite de nos interviews... Alors que 2013 a été dense en mesures législatives et que notre secteur a été touché de plein fouet par la crise, nous sommes allés à la rencontre des acteurs majeurs de notre profession. Comment ont-ils réagi à cette vague parlementaire ? Comment voient-ils l'année à venir, avec angoisse ou optimisme ? Que vont-ils mettre en place ? Acuité a posé la question à Fabrice Masson (CDO) et Jérôme Schertz (Luz Optique).

Retrouvez demain le dernier épisode de notre saga avec Christian Rothacker (Groupe One) et Jean-Luc Sélignan (OpticLibre).

Fabrice Masson, directeur de la Centrale des Opticiens (CDO)
« Pour le moment, il est préférable de ne pas réagir sur les textes qui sont encore en débat. Je tiens compte des nouvelles contraintes mais aussi des nouvelles opportunités que vont générer les nouveaux cadres de notre profession. Nous attendons toujours les paniers de soins en optique et audio prévus par la généralisation de la complémentaire santé d'entreprise à l'horizon 2016, les planchers et les plafonds de remboursement dans le cadre du PLFSS 2014. Nous ne sommes pas catastrophistes vis-à-vis de nos adhérents. Il va falloir évoluer sachant que les règles sont les mêmes pour tout le monde. Nous allons apporter de nouveaux services pour s'adapter à cette nouvelle donne et trouver un nouveau point d'équilibre.

Toutefois, la transition risque d'être douloureuse pour tout le monde. Les choses vont devenir de plus en plus sérieuses au moment des appels d'offres des réseaux de soins en fin d'année. Techniquement, il n'y aura pas d'effet avant janvier 2015. Cette année 2014 risque d'être un peu molle du fait de la faiblesse de la consommation en général, appuyée par l'impact du nouveau cadre. Nous sommes clairement entrés en décroissance, mais heureusement en pente douce. Ça va obliger les opticiens à être plus regardant au niveau des tarifs des produits qu'ils achètent. Nous les aiderons aussi sur l'optimisation des frais généraux car il faut être vigilant en termes de gestion, tout en restant dynamique sur le plan commercial. C'est dans les périodes difficiles qu'il faut être présent et actifs auprès de ses clients.

Enfin, nous attendons de cette année 2014 que la profession se structure sur le plan syndical. Nous avons tous la gueule de bois après cette période législative très dense. Je me désole de voir la désunion. J'espère que nos responsables syndicaux nous montrerons qu'ils savent faire preuve d'unité ».

Jérôme Schertz, DG de Luz Optique
« Nous avons été surpris par la décision du Conseil constitutionnel qui a validé la loi Le Roux. Maintenant que c'est voté, il ne s'agit finalement que de la mise en conformité d'une pratique. En revanche, les planchers et plafonds de remboursement prévus par le PLFSS 2014 peuvent complètement chambouler le marché des Ocam avec une répercussion sur notre secteur. Vont-ils pouvoir maintenir les différences de remboursement ? Cela peut changer la donne et peut-être que les réseaux n'auront plus d'intérêt. Le seul point positif que nous pouvons en retirer est que ces lois entrent dans le cadre de la Sécurité sociale et que la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) va pouvoir agir et exiger le respect de ce qui sera mis en place.

A noter tout de même, l'incohérence de la stratégie du Gouvernement. D'un côté, il y a trop d'opticiens sur le marché et de l'autre, le marché est ouvert à d'autres investisseurs avec la loi Hamon. L'histoire des EP sur ordonnance, je n'y crois pas du tout. C'est juste un effet d'annonce et ça ne devrait pas changer la proportion des achats sur Internet. C'est pourquoi, selon moi, 2014 restera globalement difficile. Nous allons tout faire pour que les opticiens se recentrent sur leurs fondamentaux, l'accueil du client et la différenciation du point de vente. Il faut que le marché s'adapte et ne pas être préoccupé au quotidien par ces dispositions législatives. Nationalement, le panier moyen risque encore de baisser légèrement, les Ocam vont en profiter pour communiquer sur ce point ainsi que les enseignes. Les indépendants doivent continuer à se différencier par le professionnalisme et le conseil.

Je n'imagine pas une déstabilisation du marché. Il va falloir s'adapter. Je reste confiant. Les opticiens doivent se recentrer sur leur magasin et l'attraction de leurs clients. Il y aura toujours des citoyens qui chercheront de bons équipements et de la performance visuelle ».

Nous n'avons pas réussi à joindre Stéphanie Dangre, présidente du Groupe All.