Dans une interview accordée samedi 19 juillet au journal Le Parisien, Gérard de la Martinière, Président de la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurance), a demandé au gouvernement de confier le remboursement des frais d'optique et dentaires aux complémentaires santé. Il estime que "la Sécu doit se concentrer sur les maladies les plus graves". "Il y a un certain nombre de risques assurables, ne nécessitant pas la solidarité nationale, des blocs comme l'optique, le dentaire, que les complémentaires remboursent déjà en grande partie sans avoir leur mot à dire. Nous avons demandé si le gouvernement est prêt à évoluer dans ce sens, d'ici un ou deux ans, avec transfert réel de responsabilités et liberté de négocier avec les prestataires de santé. Si oui : nous ferons des efforts. Mais j'attends encore la réponse. Je suis un peu sceptique car une nouvelle fois la réflexion se fait dans l'urgence" a-t-il déclaré à nos confrères du quotidien.

Dans cette même interview, Gérard de la Martinière reproche aux professions de santé "de ne défendre que leurs intérêts corporatistes". "Il est clair que l'industrie de l'optique ne veut pas ouvrir le marché de l'assurance. Dans une économie administrée, les gagnants sont les producteurs ; dans une économie de marché, ce sont les consommateurs" ajoute-t-il.
Enfin, concernant l'évolution des tarifs d'assurances santé en 2009, le Président de la FFSA estime que ceci "dépendra beaucoup des décisions des pouvoirs publics en matière des charges de la Sécurité sociale".

Rappelons que cette déclaration va dans le sens des souhaits de l'UDO (Union des Opticiens), qui estime que "transférer le risque optique hors CMU et enfant vers les complémentaires santé permettrait à l'opticien de gagner du temps et d'optimiser les remboursements, en 72 heures, par la mise en place d'une norme d'échange unique". "Il ne s'agirait pas d'un déremboursement, et cela ne remettrait en cause ni le principe de solidarité nationale, ni l'accès aux soins pour tous, ni aboutir à une démédicalisation de la filière. Le maintien de la politique de conventionnement du régime obligatoire entretient l'illusion d'une présence active sur un secteur qu'il a, en fait, déserté" estime Henry-P. Saulnier, Président du syndicat.

En revanche, les propos de Gérard de la Martinière vont à l'encontre des revendications des autres organisations professionnelles : l'Asnav (Association Nationale pour l'Amélioration de la Vue), le Conseil Interprofessionnel de l'Optique (CIO, qui regroupe le Gifo, la Fnof et le Synope), le Snof (Syndicat National des Ophtalmologistes de France) et le Syndicat National des Orthoptistes continuent de militer contre cet éventuel désengagement de la Sécurité sociale. "Supprimer ces remboursements serait une erreur économique et sociale. Cela installerait un système accentuant les inégalités d'accès aux soins, et risquerait de transformer l'organisation des soins oculaires au moment où la filière a oeuvré pour présenter une organisation simple et coordonnée afin d'améliorer la qualité des prestations" estime Bertrand Roy, Président de l'Asnav.