Dans le cadre de la refonte de son réseau de centres d’audioprothèse partenaires, Itelis a lancé un appel à candidatures pour la constitution du nouveau réseau. Ouvert depuis le 27 janvier, cet appel, qui se clôturera le 24 février, fait réagir les professionnels. Ces derniers dénoncent une concertation de façade car l’appel à candidatures a été ouvert alors que les discussions étaient en cours.

« Une réunion a eu lieu le 6 janvier dont le but était d’engager une discussion sur les aspects pratiques de l’exercice. Cette réunion n’a pas permis de prendre connaissance de la totalité des informations et aucun document n’a été remis. Faute d’information complète, la profession ne pouvait se prononcer sur la pertinence de la démarche d’Itelis. L’appel à candidatures a été lancé le 27 janvier sans nouvelle rencontre, malgré les demandes réitérées de la profession », expliquent le CNA (Collège National d’Audioprothèse), le Synea (Syndicat National des Entreprises de l'Audition) et l’Unsaf (Syndicat National des Audioprothésistes) qui n’hésitent pas à affirmer, dans leur communiqué commun, que « le principal objectif de cette plateforme est financier, sacrifiant au passage la qualité et l’accompagnement des patients malentendants, au détriment de la santé publique ».

Les professionnels de l’audio ont d’autres griefs contre Itelis et conseillent d’ailleurs à la filiale d’Axa et d’Humanis de « s’interdire d’imposer de nouvelles obligations aux autres acteurs, se substituant ainsi aux réglementations en vigueur ». Pour eux, le prix de l’audioprothèse doit être en adéquation avec le service rendu par les audioprothésistes, et ne pas seulement tenir compte de la fourniture de l’équipement. Les prix maxima, qui sont inférieurs de -15 % à -20 % aux prix moyens du secteur, sont ainsi dénoncés. Les professionnels rappellent que le conseil, l’adaptation du produit et le suivi sont essentiels pour les personnes malentendantes. « Sacrifier cet aspect constitue une perte de chance potentielle et revient à pénaliser les adhérents de cette plateforme », alertent les syndicats.

Sur la question des prix, le CNA, le Synea et l’Unsaf interrogent : « Alors que les enjeux de santé publique sont majeurs, est-il souhaitable de laisser aux seuls acteurs privés, dont certains aux objectifs principalement économiques, la régulation du reste à charge en audioprothèse ? ». Et de citer un rapport de l’IGAS soulignant que « la diminution du reste à charge pour les patients est une nécessité compte tenu de l’impact de la perte d'audition sur la perte d'autonomie des personnes âgées. (…) Pour permettre au Comité Economique des Produits de Santé de jouer un rôle, au même titre que les complémentaires, dans la négociation de prix de vente corrects, il serait souhaitable de revaloriser la prise en charge de l'assurance maladie ».

Le CNA, le SYNEA et l’UNSAF lancent donc un appel à Itelis pour l’ouverture d’une vraie discussion nécessaire à la construction d’un réseau bénéfique aux patients. En avril 2015, les mêmes organisations avaient protesté contre l’appel à référencement de Kalivia. Ils dénonçaient déjà un risque sur la qualité de service et avaient obtenu la réouverture des discussions et une deuxième vague d’appel à référencement.

Dans quelques jours, le 22 février, ce sera au tour de Santéclair de lancer son appel d’offres pour l’audioprothèse pour une durée de un mois. En optique, le renouvellement du réseau de Kalivia devrait également intervenir sous peu.