(2/2) Club OpticLibre démontre que  l'UFC-Que Choisir donne une analyse fausse du marché

Alors que le Journal Du Dimanche (JDD) en date du 30 juin lançait une énième attaque contre notre secteur dans un article intitulé « Lunettes chères tous coupables », Jean-Luc Selignan persévère dans ses analyses économiques. Lors d'une rencontre avec le rédacteur de l'enquête UFC-Que Choisir sur « le marché juteux de l'optique », il a notamment eu l'occasion de démonter point par point les contre-vérités soutenues par l'association consumériste et reprises par la MGEN dans son magazine. « Fréquence » section Manche de juin 2013. Dans la deuxième partie d'un document, que nous reprenons in extenso, il explique comment le consommateur peut jouer son rôle de régulateur naturel du marché, ce que prétendent faire aujourd'hui les réseaux de soins.

4/ L'optique concernerait des produits trop complexes pour que le consommateur puisse jouer efficacement son rôle de régulateur de marché

L'opticien disposant d'un meilleur niveau d'information que son client, celui-ci ne serait pas en mesure de s'assurer qu'il achète les bons verres au bon prix et donc de réguler le marché. Selon l'UFC-Que Choisir, les réseaux de soins dotés de professionnels de l'optique seraient mieux armés pour discuter du prix des produits avec les opticiens, et donc réguleraient mieux le marché que les consommateurs.
Cette théorie de l'asymétrie de l'information entre le professionnel et son client, au demeurant valable pour tous les produits techniques (informatique, électronique, mécanique, téléphonie...) est spécieuse et bien française. En effet, si tel était le cas, comment expliquer que dans certains pays (Angleterre, Pays Bas, Italie...) qui ont fait le choix du déremboursement de l'optique, donc le choix d'une régulation du marché uniquement par le consommateur, les prix soient parfois, comme le fait remarquer l'UFC-Que Choisir, plus bas qu'en France ?
Le consommateur français serait le seul à ne pas pouvoir juger du bon rapport qualité/prix d'un produit optique, alors que les Anglais ou les Néerlandais y parviendraient sans problème.

5/ 2,3 millions de Français renonceraient à un équipement à leur vue à cause des prix et des niveaux de reste à charge

Cette affirmation de l'UFC-Que Choisir méconnait la réalité du marché français : tout consommateur peut s'acheter un équipement unifocal pour un prix forfaitaire de 29€ dans d'innombrables points de vente situés à proximité de chez lui ou même sur Internet. Ceci représente une dépense annuelle, pour un équipement dont la durée de vie moyenne est de trois ans, de 10€ par an seulement ! En revanche, il est connu des opticiens qu'une proportion significative de bénéficiaires de lunettes CMU-C ne souhaite pas s'équiper des montures qui leur sont proposées. Il ne s'agit absolument pas d'une renonciation à se soigner, mais d'une renonciation à un équipement perçu comme de qualité insuffisante pour eux, ce qui est très différent.
Aucune personne de bonne foi ne peut prétendre qu'il y a, en France, un problème de santé publique lié au renoncement aux soins optiques à cause du prix de vente trop élevé des produits, puisque chaque consommateur peut, s'il veut se soigner, acquérir une lunette correctrice à 29€.

6/La régulation du marché serait plus effective avec le développement des réseaux de soins

Un certain nombre de réseaux se sont développés sur la base de grilles tarifaires avantageuses pour leurs adhérents. Un des effets pervers de ce développement a été constaté dans ces réseaux : un renouvellement des équipements plus rapide que la durée moyenne constatée sur le marché et inférieur à 3 ans, car les adhérents veulent bénéficier de leur remboursement le plus souvent possible.
Ainsi, les adhérents de ces réseaux sont tentés de consommer plus souvent des produits optiques à prix bas, au lieu de consommer naturellement (tous les 3,5 ans en moyenne) des produits de meilleure qualité à prix plus élevé. Seuls les Ocam proposant des remboursements croissants avec la durée du renouvellement permettent à leurs adhérents de faire le choix de produits de meilleure qualité, quitte à les renouveler moins souvent.
Il a d'ailleurs été constaté en Allemagne que, suite au déremboursement total de l'optique intervenu en 2008, les prix de vente moyens n'ont pas baissé mais la durée de renouvellement s'est allongée d'un an (4,5 ans au lieu de 3,5 ans). Les consommateurs tiennent à la qualité de leurs produits optiques.

Lire aussi : Club OpticLibre démontre que l'UFC-Que-Choisir donne une analyse fausse du marché (1/2)

En conclusion, Jean-Luc Selignan déclare qu'« il est temps que notre profession réagisse de façon didactique et non polémique à ce type d'enquête partiale, de façon à être entendue et comprise par les médias et les administrations. Le discours argumenté est toujours plus efficace et pertinent que l'invective ».

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