Mi-mars, nous vous avions indiqué que les cabinets d'ophtalmologie étaient autorisés à ouvrir en cette période de crise sanitaire. L'enquête menée par le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) auprès de plus de 1 500 praticiens en France, indique que 60% des cabinets sont encore ouverts, mais que les patients se font rares. En revanche, tous les ophtalmologistes libéraux (99,9%) « ont subi le contrecoup du confinement ».

De facto, l'activité a chuté d’au moins 95% dans les cabinets pour 82% des ophtalmologistes. Seulement 6% des praticiens ont une activité supérieure à 15% de celle de la période pré-confinement. 

Quels facteurs expliquent cette baisse d'activité ? 

Le premier cité (91,7%) est le déclenchement de la phase 3, avec les consignes de sortir le moins possible, de limiter les déplacements au maximum, de reporter à plus tard tout ce qui n’est pas indispensable. Viennent ensuite les consignes de bonnes pratiques professionnelles (77,5%), les consignes données aux personnes à risque de ne pas se déplacer (65,6%), et la peur des patients d’attraper le virus en venant en consultation (61,3%). 

Cette situation impacte directement les horaires d’ouverture : l’amplitude horaire est inférieure à 10 heures par semaine pour plus de 3 cabinets sur 4. Dans plus de la moitié des cas, le cabinet est ouvert en présence d’une secrétaire. Près de 46% des ophtalmologistes déclarent consulter seul pendant cette période et 15,5% font encore appel à une aide. Dans ce contexte, le recours au chômage partiel pour le personnel du cabinet est privilégié pour plus de 9 ophtalmologistes sur 10.

Masques, gels : du matériel manque 

Par ailleurs, l'enquête du Snof indique que 99% des collaborateurs des cabinets ouverts portent des masques et 22% se sont équipés d’hygiaphone (ou équivalent). Ils utilisent aussi d’autres protections : gants, blouse-surblouse, charlotte-calot, solution hydroalcoolique, sur-lunettes, plaque de plexiglass. 

Mais, selon le syndicat, « l’absence de protection a tout de même causé la fermeture de certains cabinets ». L’obtention de masques de protection a été une réelle difficulté pour les ophtalmologistes, qu’il s’agisse de masques chirurgicaux (56,5%) ou des masques FFP2 (74% n’ont pas pu en avoir et 19% difficilement). 12% des ophtalmologistes déclarent n’avoir pu recevoir de masques chirurgicaux, 25% n’ont pas pu se procurer de solution hydroalcoolique (SHA) et 57% y ont eu accès difficilement.

Assurer le suivi de certaines pathologies 

Pour assurer ces soins essentiels, 80% des praticiens maintiennent l’accueil des urgences. Plus de 70% d’entre eux traitent ces patients dans leur cabinet, 13% mutualisent les accueils entre plusieurs cabinets et 17% les transfèrent à l’hôpital. « Nous appelons les patients aux pathologies nécessitant un suivi rigoureux ou des soins en urgence de consulter sans délai en cabinet, où toutes les précautions sont prises pour assurer leur sécurité. Il en va de leur santé visuelle », conclut Thierry Bour.